Si au vue de son affiche montrant une jeune fille et un chat anthropomorphe en costume vous pensez à Alice et au chapelier fou d'Alice au pays des merveilles....je vous arrête tout de suite, abandonnez cette idée car ce n'est absolument pas la nature de ce film d'animation. Si tu tends l'oreille, "Mimi o sumaseba" de son titre original, est un film d'animation Japonais du studio Ghibli sorti en 1995 et signé Yoshifumi Kondo. Très peu connu et loin des oeuvres majeures de Miyazaki, ce Ghibli est loin d'avoir une grande notoriété (il n'est sorti en dvd blu-ray que l'année dernière^^), du coup c'est sans vraies grandes attentes que je l'ai visionné. Comme j'ai pu le dire dans ma critique de la colline aux coquelicots, pour la jouer carte sur table, clairement, Si tu tends l'oreille est à classer dans les oeuvres secondaires du studio. Pour autant ne vaut il pas le détour ? Eh bien si, l'ignorer serais à mes yeux clairement une erreur !
Adaptée d'un manga éponyme, Si tu tends l'oreille nous emmène dans le Japon au milieu des années 1990 et nous raconte l'histoire d'une jeune collégienne de 14 ans, Shizuku Tsukishima. Fascinée par les romans de fictions, elle passe ses journées à dévorer les ouvrages de la bibliothèque où travaille son père. Un jour, la jeune collégienne découvre sur les listes d'emprunt qu'un mystérieux garçon du nom de Seiji Amasawa lit exactement les mêmes ouvrages qu'elle. Un jour, en suivant un chat errant, Shizuku découvre une vieille boutique d'antiquité, la boutique en question s'avère être tenu par un vieil homme fort sympathique...ainsi qu'un jeune homme aspirant à devenir apprenti luthier. Très vite Shizuku et le jeune garçon vont devenir très proche, mais leur relation sera elle possible en tenant compte des choix d'avenir de chacun ? Voilà pour le pitch global. Et qu'est ce que j'en ai pensé ? Eh bien une bonne surprise ! Vraiment, en voilà un bon petit bijoux de la japanimation, inventif et émouvant !
Comme je l'ai souligné en introduction de ma critique, Si tu tends l'oreille n'est pas un film d'animation fantastique mais bel et bien un drama typique, orienté school life/tranche de vie et romance.
Pas un grand amateur de drama d'habitue, cette fois ça ne m'a pas gêné; j'ai réussi à être surpris face à cette histoire d'amour de jeunesse qui je trouve se détache pas mal de la flopée de production animées dans le genre.
L'histoire en elle même repose bien sûr sur des acquis, ingrédients universels dans le registre en question mais arrive à sortir des sentiers battus pour nous proposer un petit bonus. Le schéma n'est pas folichon, on suit l'évolution de collégiens dans leur vie de tous les jours avec leurs préoccupations (exams, histoires d'amour, choix d'orientation ect) mais le fait de mettre en avant l'hésitation des personnages sur leurs projets d'avenir les rends beaucoup plus attachants et n'importe qui arrivera à se reconnaître en eux. Le film possède un bon rythme malgré quelques petites failles par ci par là, il y a du contenu, on évite le contemplatif ennuyeux. La faille en question à laquelle je pense repose sur le caractère un peu trop hésitant du film à mon goût; visiblement (et à l'échelle de ses protagonistes) le film met du temps à trouver sa voie et ne sait pas sur quel pied danser.
Au début le film commence en nous présentant Shizuku comme une dévoreuse de romans, mettant en avant sa passion des livres...puis on introduit l'élaboration de la chanson "Country Road", puis la rencontre avec Amasawa (on nous refait alors le coup du duo garçon/fille qui ne peuvent pas se sentir au début pour finir par filer le parfait amour). Et puis on rajoute la boutique mystérieuse dans l'équation avec ses secrets et les histoires tragiques de l'horloge et la statue du chat baron, pour e venir à l'artisanat et l'élaboration du fameux livre "Si tu tends l'oreille"^^.
On finit par s'y retrouver à la fin, toutes les pièces du puzzle sont rassemblées mais on mettra quand même du temps à comprendre ou se dirige le récit et je trouve ça dommage que
l'écriture du fameux livre se fasse si tard
. D'autant que la séquence s'appuie des fois sur du fantastique pour nous faire entrer dans l'imagination de Shizuku qui vit littéralement sa propre histoire en fait^^, dommage qu'on ai pas eu plus de moments comme ça, le film aurait pu gagner encore plus.
Les personnages de Shizuku et Seiji permettent ici d'aborder avec profondeur l'adolescence, la remise en question, la poursuite de ses rêves, tout ça avec une justesse et une tendresse bien maîtrisée. Chacun d'eux évoluent en prenant conscience de l'importance de leurs choix qui impacteront directement sur leur futur, de leurs talents et de leurs faiblesses. Shizuku nous offre un éloge de l'univers des livres et de la chanson, tandis que Seiji offre une belle mise en valeur du monde de l'artisanat.
Ce que j'ai bien aimé aussi c'est que l'histoire d'amour ne se l'imite pas qu'à eux et le réalisateur lui donne beaucoup de relief en la mêlant parallèlement à
l'histoire d'amour du vieil homme et de son amante séparés par la guerre, ainsi que les statues du baron et de sa fiancée. Dans l'histoire au final, toute histoire d'amour est destinée à être rythmée de réunions et de séparations.
Même de simples objets on de la valeur et un vécu, et le meilleur dans tout ça c'est qu'on finit par s'y attacher comme personnages à part entière et nom de simples éléments décoratifs, c'est fort !
Le film possède également une très belle morale symbolisée par la métaphore de
l'éclat de pierre précieuse en chacun de nous
qui signifie que chaque personne possède un talent qu'il doit savoir polir pour le faire s'épanouir.
Les dessins sont de bonnes qualités, assez colorés pour rendre l'ensemble bien vivant, la musique est plutôt discrète mais on retiendra les belles mélodies du violon ainsi que bien évidemment la chanson phare entraînante: "Country Road" !
Aussi à préciser, je recommande de teste la version Française, ne serait ce que pour la voix unique de Kelly Marot (