Mon père est femme de ménage : les secrets du tournage

Saphia Azzeddine est une écrivaine. Son premier roman, Confidences à Allah, a fait l'objet d'une adaptation théâtrale au Festival Off d'Avignon en 2008. Mon père est une femme de ménage est son second livre, qu'elle a décidé de transposer ensuite sur grand écran.

Saphia Azzeddine a de nombreux films de chevet. Parmi eux figurent Nos plus belles années de Sydney Pollack, et tous les films avec Barbra Streisand. Il y a également Mirage de la vie de Douglas Sirk, Devine qui vient dîner... de Stanley Kramer, Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, Fish and Chips de Damien O'Donnell, Do the Right Thing de Spike Lee. Jim Jarmusch, Ken Loach et Roman Polanski font aussi partie de ses cinéastes favoris.

Lorsqu'on l'interroge sur la transformation du roman en film, la réalisatrice propose son analyse: "Le film permet de se passer des mots parfois. Et pour un écrivain c’est reposant… Cela dit, on ne fait pas tout de suite confiance à l’image seule."

François Cluzet a tout de suite été pressenti pour le rôle du père. Saphia Azzeddine explique : "Je ne voulais surtout pas que mon personnage principal soit misérable. Je voulais un homme qui a dégringolé professionnellement, qui fait des ménages et qui se bat pour être un bon père sans culpabiliser (...). Un homme digne, un bon père de famille avec un boulot difficile dans une société qui ne valorise que l’argent, la consommation, le pouvoir…". A l'origine, Alison Wheeler a auditionné pour un autre rôle, mais un malentendu sur son âge l'a empêchée d'être sélectionnée. Elle a finalement été retenue pour jouer le personnage d'Alexandra.

François Cluzet a donc tout de suite été sollicité pour le film. Son envie d'y jouer a été immédiate et son identification au personnage a été directe : "Il m'a semblé que je le connaissais un peu (...). Il y a son rôle de père qu'il prend très au sérieux, légitimé par son abnégation magnifique et l'idée qu'il se fait du devoir et de l'éducation. Il y a aussi son aspect sacrificiel auprès du fils, un ascenseur social qu'il pousserait à bout de bras pour être sûr que son fils le prenne, la quête des diplômes qu'il n'a pas eu et l'exigence qu'il a d'accepter sa condition avec pour toute nécessité qu'elle permette à son fils de s'élever. Il y a un amour sincère qui le porte et une volonté d'en rire pour mieux faire passer ce qu'il à dire, à transmettre. Il y a aussi l'intelligence et la lucidité face à l'absence de choix. On se sort de là, un point c'est tout", commente-t-il.

Comédie d'adolescents, Mon père est femme de ménage poursuit le courant initié par LOL et Les Beaux gosses, tous deux ayant obtenu un certain succès et pas seulement chez les "teenagers".

Saphia Azzeddine s'est montrée exigeante sur le choix des décors dans Mon père est femme de ménage. Elle a par exemple souhaité que le personnage joué par François Cluzet vive dans un lieu modeste mais pas miséreux pour autant: "Les Pontafiac n’ont pas beaucoup d’argent mais ne sont pas des ploucs, ils ont un appartement chaleureux mais moche", commente-t-elle.

Depuis près de 2 ans, François Cluzet enchaîne les tournages et s'essaye à tous les registres: le policier (Les Liens du sang, 2008), le film choral (Paris, 2008), le thriller (Blanc comme neige, 2009), la comédie dramatique (Les Petits mouchoirs, 2010), le drame proprement dit (A l'origine 2008; Le Dernier pour la route, 2009) et la comédie donc, avec Mon père est femme de ménage. On le verra bientôt aux côtés d'Omar Sy dans Intouchables, une autre comédie, où il campe le personnage d'un aristocrate tétraplégique.