Honnêtement, avec un film ayant ce genre de jaquette, étant de surcroit asiatique, et durant en plus 1 heure 15 à tout cassé, à quoi pouvais-je m’attendre ? A un métrage rythmé et probablement assez violent. Et bien avec Tokyo Psycho, il n’en est rien.
D’abord seule l’actrice principale est au point. Il s’agit de Sachiko Kokubu qui offre une belle prestation, réaliste, sans excès et attachante au bout du compte. Elle joue avec finesse et conviction, dans un rôle pas si simple que cela, et qu’elle porte avec talent c’est certain. Le problème c’est qu’en face d’elle, ben ce n’est pas ca. Le psychopathe en question est atroce ! L’acteur surjoue de manière outrancière, il croit que grimacer et pousser des hurlements ca fait peur, mais en fait c’est juste ridicule, et difficile à supporter pour les oreilles. Il n’a par ailleurs aucun charisme, et en fait il n’est tout simplement pas crédible. Il y a quelques scènes dans lesquelles l’envie de zapper se fait souvent sentir pour éviter d’avoir à supporter ses débordements intempestifs. Dommage au demeurant car il y a avait quelques seconds rôles pas désagréables, mais enfin le film tourne essentiellement autour de ce duo.
Le scénario a un défaut : il est archi-mou. En fait le film est très court, mais il faut déjà comprendre que la moitié du film est dédié à l’exposition. Alors je veux bien, mais là c’est longuet, assez quelconque étant donné qu’on nous montre le quotidien morne de l’héroïne, et sans relief. Par ailleurs il y a un gros manque d’enjeux. Le meilleur moment reste en effet les premiers échanges entre les deux principaux protagonistes (marqué par un moment fort lié à un troisième protagoniste), et du coup, comme celui-ci arrive à la moitié du film, la deuxième partie donne l’impression de retomber dans le quelconque et les lenteurs. Voyant ce métrage j’ai un peu pensé à The Bunny Game. Le film est bâti de la même manière, et en a les mêmes défauts, sauf qu’ici c’est en couleur.
Visuellement il y a de bons effets de mise en scène. C’est surement le meilleur atout de Tokyo Psycho, avec un meurtre notamment qui restera dans les annales pour ma part dans la manière d’être filmé. Plan fixe, contre-plongée, contre-jour, c’est audacieux et l’effet est très réussi. Il y a d’autres bonnes choses de ce genre qui permettent de sauver de ci de là des morceaux de Tokyo Psycho, et qui laisse supposer que le film aurait vraiment pu être bien dans d’autres conditions. La photographie au début laissait promettre du solide, avec là aussi un réel travail d’ambiance. Finalement les bonnes intentions disparaissent trop vite, au profit d’un résultat le plus souvent banal, sans recherche, et qui ne crée aucune ambiance. Les décors sont passable mais loin d’être des plus enthousiasmants. Alors me direz-vous, et les effets horrifiques ou violents ? Ben il n’y a presque rien. En dehors d’un meurtre que j’ai déjà cité, et de quelques tortures (pas des plus transcendantes), Tokyo Psycho n’offre rien, du moins rien de visuel. Pour autant sur tous les plans Tokyo Psycho reste soft. Enfin il y a la musique. Au début, avec le premier thème, j’imaginais quelque chose de sobre, limite ringard avec des notes hasardeusement jouées sur un clavier, dans un style pouvant rappelle certaines bandes des années 80. Mais en fait celle-ci est trop peu présente, elle ne participe nullement de l’ambiance du film, et c’est regrettable car je crois qu’il y avait un potentiel pour faire quelque chose, ou mieux l’exploiter en tout cas.
Je conclurai donc en disant que ce Tokyo Psycho n’a pas beaucoup d’atouts. Alors le film en lui-même n’est pas entièrement à jeter, puisqu’il a quelques bons points : une actrice principale convaincante, une mise en scène à la hauteur, mais au service malheureusement d’un spectacle assez vain, et pas parfait techniquement. Étant donné que le film est court un détour pour se faire une impression personnelle est largement possible, mais honnêtement il est essentiellement à réserver aux amateurs hardcore de cinéma nippon, ou aux encyclopédistes du cinéma de psychopathes.