Après L’incroyable Hulk et Le Choc des titans, deux superproductions qui ne manquaient pas d’intérêt, mais peinaient à s'affirmer, Louis Leterrier se retrouve à la tête d’une coproduction franco-américaine qui réunit sans doute un des plus beaux castings de l’année. Mais le réalisateur a beau rouler des mécaniques dans sa mise en scène, il ne peut transformer un scénario bancal en miracle. D’entrée de jeu, Insaisissables se frotte à un exercice dont le maître-étalon semble intouchable : Le Prestige. Le grand spectacle de la magie dont la manipulation trouve un écho logique dans celle opérée par le metteur en scène et son scénario, le sens du spectacle, et même la présence de Michael Caine. Le problème est que là où les frères Nolan avaient frappé fort, Louis Leterrier bascule sans jamais trouver un point fixe et subtile. A trop vouloir jouer avec la poudre aux yeux, il s’aveugle lui-même et ne va nulle part, plombé par une construction terriblement maladroite. C’est d’autant plus rageant que sur le papier, Insaisissables possède un potentiel immense, celui de réitérer l’exploit Ocean’s Eleven avec en plus l’ingrédient non négligeable de la magie comme outil de braquage. Malheureusement chaque bonne idée ne se transforme pas nécessairement en bon film, en particulier si elle est si mal exploitée. La séquance d'ouverture est pourtant une véritable petite merveille laissant espérer quelque chose de bien plus maîtrisé, avec ce toue de magie réalisé par le personnage de Jesse Eisenberg qui fonctionne autant sur ses victimes dans le film que sur le spectateur. La sensation de s’être fait avoir est troublante, fruit d’une véritable manipulation de prestidigitateur, mais elle sera la seule de tout le film qui va ensuite se reposer sur des effets faciles. Insaisissables est plus un show qu'un véritable film, qu'on aurait pu plutôt voir en tant que spectacle. Le film tombe aussi dans des travers hollywoodiens franchement grotesques, notamment à travers tout ce qui concerne la relation surréaliste entre Mark Ruffalo et Mélanie Laurent, cette dernière s’imposant comme une des pires idées de casting de l’année en agent d’Interpol croulant tellement sous la masse de travail qu’elle a le temps de flâner tous les jours sur le Pont des Arts à Paris, qui joue d'une manière terriblement fade. Mais là où Insaisissables parvient à s'affirmer, c'est dans le divertissement et le casting. Car même si Louis Leterrier tente de cacher son scénario bancal, il le fait à travers des intrigues secondaires pas très cohérentes mais divertissantes, et sait provoquer du vrai spectacle. On retiendra aussi les prestations globalement solides de tous ces acteurs, à quelques exceptions près - Mélanie Laurent, toujours - avec un casting dominé de la tête et des épaules par un Jesse Eisenberg toujours aussi vif, un Woody Harrelson impérial, et un Mark Ruffalo plus que convaincant. Mais là encore, le scénario fait en sorte de ne pas les construire pleinement, entre l’immense ellipse faisant suite au prologue et un dernier acte qui change de point de vue de façon un brin malheureuse. Insaisissables est donc un petit divertissement qui aurait mérité, avec un scénario meilleur, le titre de grand film avec un tel casting et une telle vision du spectacle.