Alors que le deuxième opus est sur le point de montrer le bout de son nez, retour sur le premier Insidious, considéré comme certains comme un des plus grands films d'horreurs de ces dernières années. James Wan signe une sorte de sous Poltergeist qui veut retourner les codes du film de maison hantée et d’exorcisme pour ne finalement que répéter les figures éculées du passé. Un film parfois effrayant, mais alternant le beau et le très moche, et souvent hilarant. La présence d'Oren Peli, un des créateurs de Paranormal Activity, est sans doute dû au fait que le film aurait pu être très bon, mais se vautre pourtant d'une certaine manière. Loin d’être inintéressant néanmoins, il excite tous les amateurs de films d’horreur sans qu’on sache trop pourquoi. James Wan entre dans une recherche permanente d’effets chocs extrêmement faciles aboutissant sur ce qui ressemble un peu trop à une vilaine resucée de Poltergeist. Le réalisateur filme le néant dans une image numérique et joue la carte de la frustration horrifique en plus de la menace invisible (relativement bien traitée en quittant parfois le cadre fermé de l’intérieur de la maison). Tout cela est sans doute bien sympathique pour quiconque n’a jamais vu un film de maison hantée. Puis Insidious devient une sorte de film de possédé et met en scène ses fantômes, citant pour l’occasion, et à grand renforts de plans empruntés et de jumps scares trop attendus, tout un tas de classique du genre, de Ring à Les Autres, soit deux références évidentes de films de fantômes japonais et espagnols qui ne sont jamais sublimées, bien au contraire. Avec l’apparition d’un boogeyman bizarre avec le visage de Darth Maul et les griffes de Freddy Krueger, Insidious vire dans sa narration qui change de point de vue, fait resurgir des démons du passé et tente la carte du drame de l’enfance appliqué à l’épouvante présente. L'idée, bien que plus ou moins mal traitée, est bonne. Mais le problème c'est quand dans sa major partie de son film, James Wan oublie l'essentiel. En effet, Insidious ne parvient pas à effrayer au début. Il peut faire sursauter, par ses quelques agressions sonores, mais la peur au cinéma ce n’est pas ça. S'ensuit un des cotés les plus grotesques du film, l'idée d'incruster deux personnages complètement débiles dans le récit. Apporter un contrepoint humoristique dans un film effrayant pourquoi pas, sauf que ce n’est pas le cas ici et cette idée lamentable enfonce Insidious dans le grotesque absolu. Mais dans le dernier acte, au sommet du grotesque, on parvient à être captivé tant il est outrancier et visuellement violent. On y prend un certain plaisir et, enfin, on commence à ressentir de la peur. Et pourtant, il pourrait bien au contraire être hilarant tant cet acte est d'une bêtise absolue, une passage à travers le miroir qui transforme Patrick Wilson en Alice moderne et le plonge dans un monde assez incroyable aux couleurs criardes. Ce qui prouve le talent qu'a James Wan à surélever la peur au dessus du rire moqueur. Mais cela rattrape de justesse Insidious, qui reste assez décevant. On attend de voir ce que vaudra le deuxième opus.