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Flavien Poncet
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0,5
Publiée le 13 juillet 2010
On nous dit que Lee Man-hee est le maître du cinéma coréen (un équivalent de John Ford en Corée du Sud), alors que c’est plutôt Shin Sang-ok. Peu importe, l’un comme l’autre réalisent tant de film qu’ils écrasent la qualité sous la masse de la quantité. Trop peu de bons films pour une filmographie abondante. Et c’est là qu’ils ne sont plus fordiens. «When Wild Flowers Blossom» (Corée du Sud, 1974) de Lee Man-hee est un film de guerre où plusieurs individus, civils comme soldats, étouffent sous la misère de la guerre de Corée. Ecrit comme ça, ce film au titre lyrique semble être drapé du plus beau sublime. Et à force d’éminente beauté à laquelle tend manifestement Lee Man-hee, c’est en plein ridicule que tout retombe. Séance à la Cinémathèque (le film aura du mal à passer ailleurs en France), silence de chapelle, personne ne bronche devant des séquences si grossièrement interprétées et mises en scène qu’elles ne peuvent susciter que l’hilarité. Les acteurs, du jeune garçon au jeu hystérique qui ne se soucie pas mieux que cela de la perte totale de sa famille, aux soldats transis par le sacrifice de guerre, doués des staccatos brutaux du cinéma ouest-asiatique (à la Shin Young-kyun) incarnent un apogée grotesque. Décors empruntés aux meilleurs Teddy Page, psychologie des personnages aussi profonds que le post-it sur lequel tient le scénario, «When Wild Flowers Blossom» serait un peu comme si un écrivain décidait d’intituler son ouvrage «Éducation sentimentale» et qu’il y écrivait les plus consensuelles banalités (l'inverse de Flaubert). Lee Man-hee croit vraisemblablement, avec un goût prononcé pour l’exaltation des tragédies, aux drames de la guerre. Mais à la différence, par comparaison, avec «Yeolnyeomun» de Shin Sang-ok, le mélodrame ne se compose pas à hauteur d’hommes mais à la dimension internationale des guerres. Si «When Wild Flowers Blossom» avait été réussi, il aurait été réalisé par Isao Takahata et se serait appelé «Hotaru no Haka».