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scorsesejunior54
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4,0
Publiée le 21 janvier 2009
Pour être spécial, c'est un film spécial... Jean-Luc Godard n'a jamais et ce n'est pas peu dire cherché le consensus. Tout au long de sa carrière, il s'est violemment attaché à détruire tous les codes qui avaient pu être établis jusqu'à son époque. Pleins de rage, ses films respirent la nouveauté et la création mais également parfois l'abstraction et l'absurde. "Week-end" fait partie de ceux-là : il s'agit en effet très certainement du long-métrage le plus déjanté que j'ai pu voir de son auteur. Sans réel scénario, avec une seule idée en tête (celle d'un week-end particulier), il aspire à remettre en cause, mieux à passer à l'abattoir la société Occidentale dans laquelle nous vivons. La crudité de l'existence d'une population aux sentiments inhumains est passée au crible : obsédée par le sexe et sa pratique dans des conditions bestiales, dominée par des pulsions mortelles incontrôlables, celle-ci connaît finalement une décadence des plus totales. L'itinéraire sanglant d'un couple de petits bourgeois servira à illustrer la thèse de Godard, la route étant peuplée d'êtres décérébrés, tous plus fous les uns que les autres. Le cinéaste n'a de plus jamais caché ses affinités avec un marxisme radical, ici développé et argumenté par l'intermédiaire de longs et violents discours. L'auteur de "Week-end" a toujours considéré qu'un réalisateur ne réussissait que deux ou trois bons films au maximum dans sa carrière et que le reste comportait de belles scènes, de bonnes idées mais était nécessairement inabouti : c'est un peu l'impression que l'on a ici, tant les libertés prises sur la forme comme sur le fond offrent de purs moments d'anthologie mais également d'autres séquences nettement moins inspirées, hachant ainsi le rythme d'un film passionnant, seulement ô combien inégal. Une fois cette expérience conclue, on se dit qu'un tel décalage entre les jeunes idéalistes de ce type et la France très conservatrice de l'époque ne pouvait que déboucher sur les événements de Mai 68...
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4,0
Publiée le 31 janvier 2009
"Un film perdu dans le cosmos et trouvè à la ferraille"...Un an avant les èvènements de mai 68, le cinèaste Jean Luc Godard se rèvèle ici un sociologue visionnaire dans cette farce vengeresse et virtuose! On n'est pas près d'oublier ses couleurs heurtèes, ses images chocs et surtout cette interminable sèquence de l'embouteillage au bord d'une petite route dèpartementale dans l’un des plus longs travellings de l’histoire du cinéma! Les acteurs sont tous remarquables: de Jean Yanne, ègoïste et fier de ce qu'il possède à Mireille Darc, futile, coquette et soumise à son mari, sans oublier Jean-Pierre Lèaud, en rèvolutionnaire post-soixantuitarde! Un film qui dènonce la frènèsie de la voiture dans des scènes d'une extraordinaire violence! Une chose est sûre, avec "Week-end", Godard est au sommet de son art...
Travellings et panoramiques sans fins, bande-son insupportable (le travelling de l'embouteillage, plus de 10 minutes, est couvert de bout en bout par les klaksons) qui couvre en grande partie les flots de paroles, souvent insensés, film conscient (ou pas) d'en être un ("fait chier ce film", "un film c'est la réalité"...), Week-end est du pur Godard dans ce qu'il a pu avoir de plus extrême. Mais c'est aussi son seul film aussi violent et cru, qui provoque un vrai malaise (il m'a coupé l'appétit, au sens propre). Godard tend clairement vers le pamphlet surréaliste bunuelien, mais son obsession de la formule en particulier empêche le film d'être halluciné. En fait ce film fait surtout penser au Salo de Pasolini (qui sera tourné 8 ans plus tard). Bien sûr Week-end n'est pas aussi violent et intolérable, rien que parce que Godard ne s'est pas impliqué aussi pleinement et sincèrement que Pasolini, mais la volonté de rejeter tout un man de l'humanité est là. Comme tous les films de Godard (sauf peut-être Pierrot le fou), on ne peut pas parler de chef d'oeuvre tant le film n'est pas abouti. Cependant le film n'est pas gratuit, et l'indifférence totale de JLG à l'idée de plaire lui permet une liberté totale. L'horreur (torture, cannibalisme) côtoie l'absurde (le front de libération du Val d'Oise!, les tabassages qui viennent de nulle part) dans ce film apocalyptique insensé, mais qui dégage la négation de l'être que constitue cette obsession individualiste matérialiste, les gens étant totalement indifférents aux cadavres qui jonchent les bords des routes. Un film éprouvant, qui provoque des rires cyniques...
Bien dans la manière de Godard dans la forme : du cinéma distancié, déconstruit, truffé de morceaux rapportés culturels (Mozart, Bataille, Lautréamont…). C’est par moment drôle, plus ennuyeux quand le réalisateur se lance vers l’agit-prop tiers-mondiste. Ce qui distingue vraiment le film c’est la violence virulente du fond. Le couple J. Yanne-M. Darc est un couple de bourgeois arrivés, de beaufs au dernier degré de l’ignominie. Ils déambulent sur des routes de campagne livrées au grotesque cauchemardesque, pleines d’épaves de véhicules accidentées et de cadavres, où la violence individualiste insensée est partout. Un croquis poussé à la caricature de la barbarie moderne. On pourrait dire que ce tableau de société est plus dans l’air de temps actuel que dans celui de la fin des années 60. Le film a vraiment quelque chose de prémonitoire. Le fond rejoint la forme dans l’aspect apocalyptique, et c’est là que le film touche au grand art.
Après "La Chinoise", film profondément et ouvertement politique, Godard signe un film politiquement moins engagé (du moins pas en apparence) sur un couple qui part en vacances. La première chose qui frappe et la façon qu'a le film de tranché avec le travail précédent de Godard au niveau des couleurs : fini les couleurs criardes rouge, blanc et bleue et place au couleurs réalistes, parfois sombres. Ensuite, c'est la violence du film qui interpelle. En effet, le sang, les meurtres et les morts y sont légions, faisant du film un tableau apocalyptique, appuyé par les rencontres étrange et glauque qui ponctueront ce road movie et les personnages parfaitement détestable campé par Jean Yanne et Mireille Darc. Enfin, l'audace de la mise en scène en font un incontournable de la filmographie gardiennage. Le film s'articule autour de 4 plans séquences de 10mn chacun dont cet impressionnant travelling de 300 mètres, véritable prouesse technique et visuel.
Comme un WEEK END. Le vendredi et le samedi pleins d'espoir. Godard nous surprend alors, et le qualifier de génie visuel et sonore serait un bel euphémisme. Le dimanche arrive. Triste réalité ; et les moments que nous aimions tant, pleins de vie, d'inventivité, d'absurdité touchante et de révolte nécessaire, sont déjà loin ; tout n'est plus que longueur et nihilisme, un message confus qui emprunte une autoroute dont on ne voit ni la direction, ni la vitesse, ni le début ni la fin. Godard nous offre un surprenant non-film ; le concept est aussi exaltant durant la première heure qu'il est horripilant durant la seconde. 3 étoiles, parce qu'autant être absurde jusqu'au bout, et ne pas céder à la tentation du moitié-moitié. Et puis, parce que, quand même, il y a des images...qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie.
Chef d'oeuvre de Jean-Luc Godard qui nous livre une comédie barrée tout en restant fidèle à ses valeurs et thématiques, une très bonne et agréable surprise