Jean-Luc Godard est devenu une sommité dans le monde du 7ème Art, une célébrité qui le dégoute et qui va le pousser à s'affranchir de ce qui a fait son succès. Il refuse de se complaire dans un cinéma plus traditionnelle, il veut continuer à mener sa révolution cinématographique. Et c'est avec ce "Week-end" que JLG va véritablement marquer un tournant dans sa carrière, c'est avec ce film qu'il va annoncer, alors que ses compères de la Nouvelle Vague montreront leurs limites, son souhait d'aller toujours plus loin. Personnellement, je suis complétement fan et je le compte parmi ses meilleurs. Y a deux éléments qui me font particulièrement aimer ce film. Déjà, le plus évident, c'est ce véritable portait à l'acide d'une société en déconfiture, d'un système en perdition, d'un monde au bord du gouffre et en pleine déshumanisation. Un mode de vie où l'on voit des gens se marcher dessus, s’entre-bouffer. Plus de respect, plus de tolérance, plus de patience, plus de compréhension. Un monde où c'est la loi du plus fort qui règne et où l'égocentrisme prévaut absolument sur tout. JLG nous livre sa vision de la société, une vision brutale mais pourtant tellement pertinente. On est d'ailleurs frappé par la forte présence de sang tout le long du film.
Et deuxièmement, ce que j’apprécie aussi avec Week-end, c'est cette sensation que Godard justifie son souhait de s'affranchir de toute règle. Comme s'il voulait s'excuser d'avance et s'expliquer. On comprend avec ce film, que pour lui le cinéma ne doit plus être forcément la Vie, mais il doit la représenter, l'imager, la symboliser. Comme si on pouvait en parler, sans être à tout prix réaliste, mais au contraire très poétique et très métaphorique.
Et je rajouterais aussi le petit moment tiers-mondiste avec les deux éboueurs vraiment bien foutu.
Sinon techniquement, on le sait, le prestigieux réalisateur adore lancer des défis à son équipe et on retiendra par dessus tout l'un des plus grands et des plus réussis travellings du cinéma ( - 300m si je me souviens bien). Un film annonciateur d'un nouveau Jean-Luc Godard, une belle réussite et finalement assez abordable, un vrai régal !