L’Arme fatale 4 ne conclue pas de manière très enthousiasmante la saga, et même si c’est un film regardable, c’est un peu juste.
L’interprétation est assez inégale. On a un Mel Gibson franchement toujours convaincant, et investi. Il nous livre une partition bien rodée, et il n’a jamais de baisse de régime. Du coté de Glover, c’est déjà un poil moins bien. Curieusement le film lui offre un peu la vedette, et pourtant il est en retrait. Sa composition est en demi teinte, pas mauvaise, mais rarement aussi convaincante que celle de son collègue. Il faut dire aussi qu’il a dix ans de plus que Gibson, et il accuse un peu le coup en terme de dynamisme et d’allant. Pour le reste, Joe Pesci est vraiment en cabotinage outrancier. En dehors de quelques séquences où il s’en sort bien et s’avère même amusant, le reste est très souvent horripilant. Chris Rock s’en sort mieux. Il a souvent des rôles un peu excessifs, mais il arrive en général à éviter l’outrance. Ici, hormis la première scène où il apparait, le reste est sympathique. Le meilleur reste quand même de loin Jet Li. On a l’impression qu’il surnage au dessus de la cour de récréation que représente le reste du casting. Sérieux, appliqué, presque muet, il est charismatique et redoutablement efficace dans les combats. Du solide en somme. Steve Kahan est un bon second rôle.
Le scénario, c’est moyen. L’histoire est assez incohérente, elle manque de fluidité (le début est très juste de ce point de vue), et est plombée par d’inutiles longueurs. En la matière le passage chez le dentiste par exemple, où la très longue discussion sur le bateau de Murtaugh sont pesantes. Si dans l’ensemble c’est dynamique, ces coups de mou sont malvenus, d’autant qu’ils n’ont rien de particulièrement drôle. Par ailleurs les histoires secondaires sont franchement bâclées, avec notamment le mystère sur l’argent de Murtaugh, pour laquelle l’explication est donnée en deux secondes vers la fin, comme si l’affaire avait été oubliée en route.
Visuellement, le film étant quand même doté de 140 millions (le 3 n’avait que 35 millions !), probablement un des plus gros budgets de film dans les années 90, il avait intérêt à être décapant. Honnêtement on ne sent pas une sensible différence. La mise en scène de Donner est toujours solidement au rendez vous, c’est un fait, et il assure dans les scènes d’action. Pour le reste, la photographie est classique pour un film d’action de cette époque. Les décors ne cassent pas des briques. Ils sont nombreux mais globalement sans surprise et sans recherche particulière. Et j’en viens aux scènes d’action et aux cascades, le point fort en général des Armes fatales. Elles sont réussies, c’est indéniable. De la voiture qui traverse le building à la course poursuite avec la caravane, en passant par le combat final avec Jet Li et la séquence d’introduction aux effets pyrotechniques décoiffants, c’est du tout bon. C’est musclée, il n’y a pas d’images de synthèse foireuses, et visuellement le film est explosif. Coté bande son c’est sympathique, même si ca ne marque pas outre mesure.
En clair, L’Arme fatale 4 est un dernier épisode un peu à la peine, qui ne s’en sort vraiment que par l’abattage de Gibson, la prestation de Jet Li, ses cascades spectaculaires. Il n’empêche que par rapport à un Die Hard 3 sorti quelques années avant avec 90 millions de budget, il fait pale figure. Souvent plus agaçant qu’amusant, alternant sans grande réussite ici moments sérieux et moments délirants (certains sont tellement absurdes que Leslie Nielsen aurait pu les jouer !), il peine à se renouveler. A voir pour les fans de la saga c’est évident, de Gibson et de Glover (de Li aussi), pour les amateurs de cinéma d’action probablement, pour les autres c’est moins évident.