Quelle claque ! Je connais peu Sam Peckinpah, n'ayant vu que les deux excellents Croix de Fer et La Horde Sauvage, mais là je m'attendais pas à ça, pas à ce qu'il surpasse les deux précédemment cités et qu'il me fasse passer plus de 2 heures de folies et de tensions en compagnie d'un fabuleux et magnétique Steve McQueen ainsi que la belle Ali MacGraw.
Dès l'introduction où l'on assiste à l'horrible routine de la taule, le ton est pourtant donné, Sam Peckinpah nous sert une mise en scène aussi géniale que millimétrée et nous immerge dans son road-movie au coeur d'une Amérique perdue. Centrés autour d'un couple digne de Bonnie & Clyde, ils vont peu à peu rentrer dans une spirale aussi inéluctable que violente, criminelle et immorale. La tension monte peu à peu pour atteindre son paroxysme lors de nombreuses séquences inoubliables où Peckinpah montre tout son talent.
Ce que j'ai adoré dans The Getaway, c'est la façon dont on est immergé aux côtés de ce couple, Peckinpah braque sa caméra sur eux et ne les lâche jamais. Il filme cette longue course-poursuite de manière aussi crue que réaliste et on tombe aussi dans cette spirale puis errance dans la chaleur du Texas, symbole d'une Amérique violente où l'achat d'armes dangereuses se fait comme dans un supermarché. Si l'écriture est de qualité, c'est surtout grâce à son ambiance si j'ai été, à ce point, happé par l'oeuvre, ici elle est surtout intense et nerveuse puis peu à peu mêle une dimension romantique à la violence omniprésente où Peckinpah jette un regard cruel et sans concessions sur le monde moderne.
L'histoire est aussi simple qu'efficace et remarquablement ficelé, pas besoin de faire des détours inutiles et cela, Peckinpah l'a bien compris, les dialogues sont parfaitement ciselés tandis que les personnages sont en tout point remarquablement écrits. Finalement, il n'y a pas de bons dans le monde qu'il décrit, que des mauvais mais dans ces derniers, il jette un regard attachant pour Steve McQueen et sa belle, dont les motivations sont autres que la cupidité, et c'est là que la première scène suivant la libération où il veut juste "marcher", prend tout son sens. C'est donc aussi par les sensations que The Getaway est une réussite, les protagonistes ne laissent pas indifférents et dans un monde, à ce point violent et immoral, on ne souhaite qu'une chose, les voir libres et vivants, même si pour espérer y arriver, il faudra descendre jusqu'au fond de l'enfer.
Derrière la caméra, Peckinpah offre un modèle du genre, des fusillades dantesques et lisibles, des ralentis parfaits et audacieux, des braquages de banques remarquables ainsi qu'un rythme n'hésitant pas à être lent mais adéquat à l'ambiance et parfait pour l'immersion. Il gère parfaitement les temps morts, les moments de dialogues et donne assez d'importancesaux seconds rôles pour les rendre intéressants. Et puis, je me répète mais Steve McQueen c'est plus qu'un acteur, quel charisme, quelle classe et quelle présence ! Il sublime ce polar par sa simple présence et son jeu tout en retenue, pas besoin d'en faire des caisses pour s'imposer et il l'avait bien compris.
C'est à peine remis que je sors de ce visionnage, une claque immense et une oeuvre totalement folle, nerveuse, romantique, violente et intense, servi par un magnifique couple et une mise en scène totalement immersive, crue et fabuleuse.