Quand on fait un film sur un fait divers comme celui-là, il faut être rigoureux, précis. Hors, ce n'est pas le cas.
Extrait d'un article paru dans LeMonde du 20 juillet 2011, écrit par Dominique Inchauspé :
(...) le film Omar m'a tuer est empli de contre-vérités. Mme Marchal n'a pas été tuée le lundi 24 juin, comme il y est dit, ce qui aurait donné à Omar Raddad un alibi mais bien le dimanche 23 juin. Ce jour-là, la victime est attendue à 13h chez des amis pour déjeuner. Dans la matinée, elle a donné des coups de fil, le dernier à 11h50. Mais elle ne se présentera pas au déjeuner. Le film, comme l'a fait la défense, exploite une erreur de date figurant sur le rapport d'autopsie. C'est de bonne guerre. Mais la date officielle de la mort – fixée par d'éminents légistes comme le professeur Dominique Lecomte – se situe le 23 juin, autour de midi.
A cette date, à l'heure du crime, Omar Raddad n'a aucun alibi. Or, il se trouve à 400 mètres du lieu du crime chez la voisine, Mme Pascal dont il est aussi le jardinier. Il prétend être allé déjeuner chez lui. Dans ce cas, six à sept personnes auraient dû le croiser ou au moins l'apercevoir. Or, personne ne l'a vu.
Qui plus est, personne ne savait que le jardinier travaillait à proximité ce jour-là, puisque au contraire de ce qu'affirme M. Rouart, il ne travaillait jamais le dimanche. Donc, personne Ý hormis Mme Marchal – ne pouvait l'accuser.
Le film affirme encore que la fameuse inscription "Omar m'a tuer" ne serait pas de la main de Mme Marchal et qu'elle ne pouvait pas écrire droit, la cave étant dans l'obscurité. C'est faux, la lumière du couloir était allumée. On le sait puisque l'interrupteur était taché de son sang. Seule la seconde inscription "Omar m'a t" a été rédigée dans l'obscurité. Elle est à peine lisible. Le film fait l'amalgame entre les deux.
Omar a un mobile : fréquentant les casinos (personnels interrogés) plusieurs fois par semaine, il a de tels besoins d'argent qu'il a vidé le compte en banque familial, que deux mois de son loyer ne sont pas payés et qu'il harcèle Mmes Marchal et Pascal pour avoir des avances sur son salaire. Quand le corps est découvert, il manque une somme d'argent importante dans le sac de la victime, ce que ne dit pas non plus le film.
Le bon sens commande la solution de l'affaire : bloquer la porte de la cave avec un lit et une barre de fer après avoir écrit le nom de l'auteur du crime – un proche – à deux reprises avec son sang est le fait de la victime. Tout autre scénario est une idée à la Agatha Christie.
Soutenir, comme dans le film, que le juge d'instruction et les gendarmes ont fait détruire des photos indiquant une piste différente est absurde : travestir une enquête à ce point sous les yeux des médias n'est pas concevable ; outre que juges et gendarmes n'ont pas l'habitude de telles malhonnêtetés. (...)