Quelle déception, ce film! Quelle déception! J'avais beaucoup aimé La trahison, du même Philippe Faucon, film courageux, sans langue de bois..... Tout le contraire de celui ci. On croirait une séquence d'Envoyé Spécial, comment-l'islamisme-radical-recrute-t-il-dans-nos banlieues. Des reportages qu'on a vu mille fois, tout est convenu, à commencer par les personnages, pas un poncif ne manque au tableau: le père malade qui s'est usé au travail, la mère courageuse qui fait des ménages et professe que l'Islam est une religion d'amour, et tolérante avec ça (le fils aîné vit avec une gauloise, la grande soeur a plutôt le look affriolant). L'iman du quartier qui est équilibré, intelligent. Même poncif dans le trio des recrutés, où l'on a droit à tous les archétypes: le petit déliquant que sa famille a foutu à la porte, celui qui n'a rien dans le crâne et qui trouve dans la religion de quoi le remplir, et enfin Ali, le héros, qui ne trouve pas de stage en bac pro à cause, pense t-il, de son nom.
La grosse erreur, c'est aussi le choix du héros qui joue Ali, Rashid Debbouze. Bon, on imagine que le nom du frérot a du influencer..... non seulement il n'a pas l'âge du rôle, mais de plus il a vraiment une tête à faire peur: bas du front, l'air patibulaire, tout pour faire fuir les employeurs! Il eût mieux valu choisir un acteur dont le nom n'aurait peut être pas payé sur l'affiche, mais au physique normal, gentil! Sa métamorphose n'en aurait été que plus intéressante. Bien plus valable est Djamel le recruteur (Yassine Azzouz), subtil, doucereux, patient.....
Mais bon, on en reste au niveau du plus superficiel. Aucune des questions qu'on aurait aimé voir traitées n'est abordée: pourquoi sont ils si fragiles? Qu'est ce qui explique qu'ils se laissent circonvenir si facilement?
Et pourquoi ces difficultés à touver un stage? Pour Djamel et Ali, à cause du racisme. Sauf qu'un pays qui met en tête de ses hommes de télévision préférés Nagui et Harry Roselmack, de ses comiques préférés Omar Sy et Djamel Debbouze, de ses chanteurs préférés Yannick Noah n'est pas raciste. Il faudrait donc chercher ailleurs.
En restant au niveau du ressassé, du déjà vu, Faucon nous décoit beaucoup. Un peu facile de traiter d'un sujet brûlant en le cachant derrière une plaque d'amiante...