"Thus comes the English with full power upon us."
Prenant au pied de la lettre, dans le premier acte, le parti du théâtre filmé, décors en trompe-l'oeil, tentures peintes, coulisses, public et pluie envahissant la reconstitution du Théâtre du Globe, Laurence Olivier propose un spectacle haut en couleurs (rares à l'époque pour un film européen) et une mise en abyme convaincante, adaptant au cinéma la trame et le texte du Henry V de Shakespeare, exercice auxquels se livreront, chacun y appportant son interprétation personnelle, Kenneth Branagh en 1989 (Henry V) et David Michôd (Le Roi) 30 ans plus tard, le premier plus fidèle à l'auteur de Stratford-upon-Avon, le second beaucoup plus librement mais non sans talent.
Poursuivant en décros théâtraux, l'acte deux quitte l'enceinte du Globe pour poursuivre la narration. La transition est ainsi intelligemment menée qui permet à l'imaginaire de prendre son envol, selon les souhaits du Choeur, au-delà de la Manche, de Southampton à Harfleur puis, débordant toujours le cadre précédent, d'Harfleur à Paris, et encore une fois vers Azincourt.
Au fur et à mesure que l'histoire avance, les décors se font de moins en moins théâtraux, de plus en plus vrais jusqu'à la bataille d'Azincourt partiellement réalisée en décors naturels jusqu'à un retour inverse, de Paris au Théâtre du Globe.
Oeuvre de propagande patriotique lors de sa création pour célébrer une Angleterre prête à dominer le monde après avoir écrasé l'Invincible Armada espagnole, oeuvre de propagande patriotique encore lorsque Laurence Olivier l'adapta en 1944 au tournant de la seconde guerre mondiale, avec une scène coupée, Henry V est avant tout un remarquable moment de maestria inventive et technique, un merveilleux hommage au théâtre.