Après le petit succès commercial de L’amour c’est mieux à deux, l’ex-Nul Dominique Farrugia, désormais habitué des productions de la comédie française, poursuit dans la réalisation avec Le Marquis. Un divertissement qui promet de revenir aux sources d’une des réussites de notre cinéma comique, à savoir la comédie façon Francis Veber (La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs, Le Dîner de Cons, Tais-toi ! et le scénario de L’Emmerdeur) qui propose deux personnages que tout oppose (un dur à cuir avec le pauvre benêt de service) et qui vont pourtant devoir s’associer pour pouvoir se sortir de leurs mésaventures. Mais n’est pas Francis Veber qui veut !
Après avoir échoué dans un casse, le truand Quentin Tasseau (Richard Berry) décide de rattraper le coup auprès de son commanditaire Jo (Jean-Hugues Anglade) en organisant un nouveau braquage. Mais pour cela, il a besoin des talents du Marquis, un cambrioleur expérimenté connu du monde criminel, retenu en prison. Après avoir organisé l’évasion de celui-ci, Quentin va se rendre compte que l’homme qui se tient désormais à ses côtés n’est que Thomas Gardesse (Franck Dubosc), un VRP en systèmes d’alarme envoyé en prison, et qui a usurpé l’identité du Marquis dans le seul but de gagner le respect des autres détenus pendant ses six mois d’incarcération. Le duo aura donc fort à faire pour se tirer de ce mauvais pas, avant que Jo ne découvre le pot-aux-roses.
Je vous parlais du cinéma de Francis Veber. Sur le papier, Le Marquis se veut réellement comme un vibrant hommage ! Et pour cause, nous avons d’un côté le personnage ultra sérieux et quelque peu sceptique (Gérard Depardieu, Thierry Lhermitte, Jean Reno, Lino Ventura) en compagnie d’un idiot ou malchanceux (Pierre Richard, Jacques Villeret, Gérard Depardieu –pour Tais-toi ! –, Jacques Brel). Il est donc normal de retrouver à ce casting Richard Berry, l’un des acteurs français à ne pas avoir fait que de la comédie, mais également des polars et autres longs-métrages sur la mafia (Le Grand Pardon, La Balance, L’union sacrée, L’Immortel), et l’un des habitués de Francis Veber (Tais-toi !, La Doublure, le remake de L’Emmerdeur). Et également Franck Dubosc, l’un des comiques du cinéma français les plus en vogue du moment ! Encore faut-il que l’ensemble se montre à la hauteur du réalisateur de La Chèvre ! Deux comédiens charismatiques et idéaux pour ce film, qui doivent nous faire rire avec toute une série de quiproquos !
Hors, Le Marquis possède une faille, et pas des moindres, qui l’empêche de se hisser à la hauteur des comédies potables : il n’est pas drôle ! Partant d’un postulat pour le moins classique mais qui aurait pu se montrer efficace, Dominique Farrugia et sa bande de scénaristes (ils sont quatre au total, en comptant l’ex-Nul !) nous livre un foutoir sans nom. Surtout avec un tel scénario qui part dans toutes les directions, proposant des personnages qui ont la connerie facile mais qui font plus pitié qu’autre chose (la palme revenant à la nana de Jo, véritable cruche qui a littéralement tout dans la poitrine et rien dans la cervelle), des semblants de gags qui s’enchaînent mais qui ne provoquent nullement le rire (touchant bien trop souvent la limite de la blague à deux balles ou de la situation inutilement excessive, comme un Dubosc qui nous la fait De Funès pour expliquer un plan, en largement moins bien !), des acteurs en roue libre (sauf Anglade qui garde son charme, même si on se demande encore ce qu’il peut bien faire ici)… Rien, il n’y a vraiment rien dans Le Marquis qui puisse arriver à nous dessiner ne serait-ce qu’un sourire sur le visage ! Peut-être 2-3 séquences et encore ! D’autant plus que les scènes en question sont présentes dans la bande-annonce, c’est pour dire !
Mais même sur le plan technique, Le Marquis est une véritable catastrophe ! Que c’est beau d’être une comédie à plus de 8 millions d’euros ! Que c’est beau d’avoir des stars à son casting ! Que c’est beau d’avoir pour cadre Manille (capitale des Philippines), tout en arborant une photographie qui mette en valeur le bleu de la mer et les couleurs chatoyantes du Soleil ! Seulement, être bling-bling n’est pas considéré comme une qualité. Et Le Marquis en fait les frais ! Le visuel ne reposant que sur la beauté des décors. Se permettant du coup un montage anarchique, une mise en scène excessivement mollassonne (qui fait passer les 1h28 du film pour une durée de 2h, et je n’exagère pas !), une bande originale également en roue libre et même des effets de styles pitoyables (arrêts sur images et ralentis pour donner à l’ensemble un côté espionnage, sans succès).
Ce n’est plus un sentiment d’ennui qui vient nous envahir à la vue du Marquis. Mais carrément de gêne ! Et pour cause, on peut se poser des questions sur l’avenir de la comédie française. Surtout quand l’un de ses pionniers, qui a fait les beaux jours de nos zygomatiques en compagnie d’Alain Chabat et de Chantal Lauby, se retrouve à singer ce même genre de divertissement. Farrugia fait honte à notre cinéma national, Le Marquis n’étant qu’un immense gâchis et piège à pigeons comme nous avons désormais l’habitude de voir. Ennuyeux, jamais drôle (ou que trop rarement) et très al travaillé : un ratage complet !