Perdita Durango c’est un peu (beaucoup ?) le Sailor et Lula d’Alex de la Iglesia. Une version peut-être moins fantasque et déjantée, plus humoristique quoique trash malgré tout ! Un film à ne pas mettre entre toutes les mains, c’est sûr !
Maintenant c’est un peu le génie de de la Iglesia, c’est de rendre digeste des films très excessifs, et du coup son Perdita Durango se laisse voir avec un certain plaisir si l’on adhère au gros délire qu’il représente. Certains trouveront cela un peu frustrant de le voir dégoupiller les moments les plus violents et les plus sombres par de l’humour noir, mais je crois que c’était la meilleure approche d’une part pour imposer sa patte, et d’autre part pour ne pas se retrouver avec un film sérieux qui aurait virée vers le graveleux facile. Ici au moins on voit que le réalisateur ne se prend pas trop au sérieux, et à la limite ça évite aussi que certains passages paraissent assez ridicules !
Le scénario est celui d’un road movie trash comme on peut l’imaginer ! Histoire d’amour torride, meurtres, viol aussi, scènes de vaudou, Perdita Durango est un métrage radical qui se veut sanglant et érotique. C’est spécial, mais l’humour très noir est toujours là, et le film, malgré ses deux heures et ses enchainements peu ragoutants passe vite et bien, bénéficiant du savoir-faire du réalisateur en matière de narration. Son film est intense et plein, et du coup pas de scènes en trop, pas de longueurs, pas de dialogues inutiles, d’une certaine manière cette version est plus accessible que le Sailor et Lula de Lynch.
La réalisation est typique du réalisateur. Alerte, violente et pourtant toujours très clair, on sent ses effets de style particulier, son sens du montage tranché, et on se retrouve avec un métrage pêchu, porté par la photographie mordorée là aussi récurrente chez le réalisateur et par des décors attrayants aux allures volontiers excentriques (voir le final). C’est propre. A noter bien sûr des scènes de violences graphiques assez significatives, mieux vaudra éviter de se lancer dans Perdita Durango si l’on est une âme sensible ! Un peu déçu en revanche de la bande son qui ne propose pas grand-chose de marquant.
Le casting est très bon sur le papier. Pas de grosses stars de l’époque, mais un Javier Bardem qui a fait son chemin et qui s’avère convaincant, bien que sur le début il laisse un poil dubitatif dans son rôle de frappé du bocal. Rosie Perez est très efficace dans son rôle, elle a ce côté sensuel et torride logique pour le rôle, mais aussi un côté froid, un peu salace qui ne colle pas moins au rôle ! A noter aussi un très drôle James Gandolfini ! Le jeune couple qui nous permettra de reconnaitre la jeune Aimee Graham, sœur d’Heather est sympathique mais sur la longueur du film ils finissent par devenir un peu inutile et leurs mésaventures lassantes car redondantes.
Perdita Durango n’en reste pas moins un film bien mené par Alex de la Iglesia. Pas mon préféré du réalisateur, et ce n’est pas un film de chevet, mais c’est un métrage qui bénéficie du savoir-faire du réalisateur qui se montre impliqué et appliqué dans son travail de films en films. Encore une fois il ne se loupe pas ici, prenant manifestement plus d’ampleur et d’ambition. 4