Les tumultes de l’adolescence, les traumas d’une enfance volée, les amours, les peines.. Le cinéma indépendant américain raffole de ces sujets jusqu’à provoquer une sérieuse overdose, et un ennui certain. Pourtant, par intermittence apparaît une petite perle. Le Monde de Charlie ne fera peut-être pas date, il ne traversera pas les âges ni ne réinventera les codes du drame adolescent, mais passée une entrée en matière laborieuse qui le lance sur une voie bien balisée et mis à part quelques figures de style éculées, le second film de Stephen Chbosky parvient à capter quelque chose d’étonnant. Pourtant, le film part sur des bases qui ne sont pas très rassurantes. L'histoire du personnage principal qui correspond en tous points à la figure classique de l'adolescent qui ne trouve pas sa place, et qui ne comprends pas bien le nouveau monde qui l'entoure. Et surtout, Le monde de Charlie se base sur un début de mise en scène très démonstrative dans la mélancolie ainsi que sur des poses au ralenti et des musiques folk qui ne finissent pas d'envahir le cinéma indépendant. C'est le cas durant le début du film qui est très prévisible. Mais pourtant semble s'afficher quelque chose de différent au fur et à mesure. Un drame, lourd et violent, qui aurait conditionné l’existence de cet adolescent en pleine misère affective. Stephen Chbosky mise très intelligemment sur le maintien permanent d'un passé atroce sans vraiment le dévoiler. Le Monde de Charlie fonctionne ainsi sur un principe très simple, à savoir le rapport entretenu entre les personnages et le public, l’empathie décidant du moteur émotionnel. Car il faut bien avouer qu’il n’y a rien d’excessivement surprenant dans ce récit. Le monde de Charlie mise sur la projection du spectateur dans la peau de l’adolescent mal dans sa peau tout à coup pris sous son aile par deux personnages fantasques. Et les jalons de sa progression sont très classiques : solitude, rencontres, premiers amours, disputes.. Mais pourtant les personnages s’avèrent tellement fin, et s'appuient sur des performances d'acteurs tellement incroyables, que l'adhésion au concept est total. Ainsi, on entre dans l'univers de Charlie, garçon timide invisible et adorable, qui, au fur et à mesure, parviendra à se trouver une place. Le film fonctionne donc bien, car derrière les petits clichés que l'on peut trouver se trouvent une réelle petite surprise. Et les acteurs sont tout bonnement merveilleux. A commencer par Logan Lerman, le jeune ado dans Percy Jackson trouvant un rôle à la mesure des nuances de son jeu. Et sa performance s’appuie grandement sur Ezra Miller, toujours aussi impressionnant, film après film, et une magnifique Emma Watson qui laisse entrevoir de belles perspectives d’avenir tant on oublie immédiatement qu’elle était une des figures centrales d’Harry Potter. Le monde de Charlie n'est pas une révolution ni un grand film sur l'adolescence mais une jolie petite surprise qui sait évoluer sur la sensibilité.