Le monde de Charlie, ou "The perks of being a Wallflower".
Que dire sur ce film...
Je l'ai découvert assez tard à mon grand regret. C'est pour moi le "Teen movie" le plus réussi de tout les temps. Comme tous les films de ce genre, l'histoire paraît banale : un jeune garçon mélancolique, Charlie, arrive en seconde, au lycée. Pas facile cette période, on s'y retrouve tous un peu : le stress de la rentrée, de se faire des copains... Rien d'extraordinaire. Et on rentre dans quelque chose d'un peu "moins" banal : le personnage se démarque des autres de son âge, il y a un décalage. Première petite claque lors des premières minutes du film, lorsqu'on apprend la raison pour laquelle Charlie n'a pas d'amis
: son meilleur ami s'est suicidé
. Certains trouvent que l'histoire avec la tante n'apporte rien au film, je ne suis pas du tout de cet avis. On ne comprend pas la différence de Charlie, son comportement "décalé"
, ses crises de colère ainsi sa crise d'angoisse
... Jusqu'aux dernières minutes du film. Et là, on comprend et on se prend une énorme claque émotionnelle. J'y ai vu, dans ce film, une volonté de comprendre l'adolescence sous tous ses aspects même les plus sombres : l'amour, l'amitié, les traumatismes, le harcèlement, la famille. L'auteur nous dépeint ses personnages d'un façon plus qu'approfondie, personnages qu'on a peut être un peu de mal à comprendre pleinement au début, aux caractères très trempés et qui se dévoilent petit à petit, laissant paraître leurs émotions, et c'est beau. Ce qu'on pourrait prendre pour un "teen movie" s'avère au final tellement plus que ça !
Le casting est formidable. Ezra joue à la perfection le rôle d'un jeune adolescent extraverti qui n'a pas de mal à s'assumer, mais qui aime quelqu'un qui ne peut pas s'assumer. Emma joue le rôle d'une ado qui se sabote : elle ne pense pas mériter le grand amour, de fait elle ne sort qu'avec des garçons plus âgés et pas nécessairement fréquentables. Elle est remarquable dans ce rôle, pleine de tendresse et de beauté qui se reflètent souvent au travers des yeux de Charlie. Quant à Logan, je n'aurais pas pu espérer mieux que lui pour jouer ce rôle de jeune introverti qui se dévoile petit à petit. Il joue à la perfection l'enfant traumatisé, avec un petit décalage par rapport aux autres, mais qui a la volonté de s'en sortir.
De mon point de vue, peu de gens ont tenu compte de l'importance de la tante dans ce récit : elle est omniprésente pour une raison. C'était "sa personne préférée",
et on pourrait y retrouver un léger syndrome de Stockholm non évoqué : elle lui a fait du mal, il est perdu et ne sait plus vraiment, en fin de compte, s'il l'aimait ou pas, mais de toute façon le récit roule sur l'indécision constante (souvent ressentie à l'adolescence) évoquée : être heureux tout en étant malheureux
. Je pense donc qu'il est dommage de dire que la tante n'aurait pas dû prendre une telle place, c'est avoir mal compris l'histoire que de le penser, car tout tourne autour de ça
: l'amitié sert à montrer les excès de violence de Charlie, et l'amour sert à montrer ce que la tante a fait à Charlie, en bref toutes les thématiques tournent autour de son traumatisme
.
Je me reconnais beaucoup en Charlie, raison pour laquelle ce film me touche particulièrement, il est beau et implicite, on ne rentre jamais dans le vulgaire et l'explicite, tout est sous-entendu, donc ça ne choque pas. Ce film promet des moments de rires et de pleurs, tant on est aspirés dans l'univers peu commun d'un "Wallflower". Merci pour ce film !