Comment rendre ridicule le manque de respect total envers nos ancêtres (blancs, noirs, ou autres) qui se sont battus pour acquérir ou abolir certains droits ? C'est la question qui me reste à l'esprit à la vue de ce que le trio de réalisateurs Ngijol/Eboué/Steketee nous propose comme point de vue à travers "Case départ". Bien que le montage de l’histoire rappelle immanquablement la mouture de "Les visiteurs" (mais dans le sens inverse), je dois reconnaître que nous sommes face à une certaine originalité. Mais voilà, arrivé à la fin du film, j’étais assez circonspect quant au véritable but du film. L’esclavage est un sujet grave, et les populations exploitées ont subi un lourd tribut (sans jeu de mot). Mais j’étais encore plus dubitatif après avoir lu dans les secrets de tournage le véritable dessein des réalisateurs. Ainsi le véritable sujet est l’insertion, le racisme, et sur ce que ces deux notions ont amené aujourd’hui. Ce qui veut dire que je me suis complètement planté sur le sujet car je pensais honnêtement que ce film était une véritable de leçon de respect envers l’héritage laissé par nos anciens. Mais pas que. Cela dit, je vais m’arrêter là sur mon interprétation de ce film car je m’y suis un peu perdu je dois dire. Le fait est que je n’ai pas senti le fil rouge déclaré par les réalisateurs. Thomas Ngigol et Fabrice Eboué se sont octroyés les deux rôles principaux, en frères que tout oppose, le premier archétype du gars de couleur qui ne fait rien pour s’intégrer, le second à la vie accomplie et totalement rangée. Aussi, si je me réfère à ce qu’ont voulu les cinéastes, comment peut-on prétendre s’intégrer et ne pas être victime de racisme quand on ne fait rien si ce n’est braquer les sacs des petites vieilles, emprunter les transports en commun sans s’acquitter du billet, racketter une gamine pour payer tant bien que mal ses P.V., insulter avant de prendre la tangente pour ne pas subir un retour fâcheux ? La question est posée et demeure ici sans réponse. En outre, Joël va apprendre à ses dépens que certaines choses forcent le respect, mais ce personnage haut en couleur (si j’ose dire) a tendance à sombrer un peu trop dans la caricature. Idem pour Régis. Bref nous voilà coincés en 1780, et on tourne en rond dans des gags anachroniques (pourquoi pas ?), désespérant de trouver une porte de sortie honorable vers le monde moderne. Au final, le résultat offre un propos assez décousu. Certaines scènes sont pas mal, très drôles même, mais bien trop rares pour empêcher "Case départ" de tomber peu à peu dans l’oubli. Autant effacer ce film et revenir à la case départ.