J'ai toujours trouvé pertinent le fait de se méfier des films qui font un carton dans les salles, surtout lorsqu'il s'agit d'un film français... d'une comédie qui plus est! Pourtant, il faut parfois savoir laisser de côté ses préjugés et idées toutes faites et se jeter corps et âme dans ce que l'on estime déjà être un navet interplanétaire, insipide et formaté pour plaire à la majorité. Et bien "Case départ", que je "casais" jusque là dans ce lot, m'est au final apparu bien plus agréable et réussi que je ne l'imaginais. On ira certainement pas crier au chef d'œuvre (ce qui n'est pas la volonté du film en plus), mais on qualifiera aisément l'œuvre comme rafraîchissante, drôle et satirique. Les deux compères du "Jamel Comedy Club", Thomas Ngijol et Fabrice Eboué (acteurs mais aussi derrières la caméra ici) ont parfaitement assimilé les codes des plus grandes comédies française, mettant de côté les lourdeurs et approximations d'un bon nombre de leurs semblables.
Le film possède une intrigue assez originale, consciencieusement irréelle et loufoque, propulsant deux frères jusqu'à la quasi inconnu et que rien ne semble lier à travers la fin de l'époque coloniale, au crépuscule de l'esclavage. Les deux africains parisiens vont alors se retrouver dans les plantations nègres, traités comme l'étaient leurs ancêtres, dans le but de réparer le traité ancestral qu'ils ont honteusement bafoués. Une histoire farfelue, tirée par les cheveux me direz-vous, mais qui s'apprête parfaitement à cette comédie engagée et moderne. Condamnant l'esclavagisme et le racisme, prônant l'intégration inter ethniques, "Case départ" manie habillement les préjugés pour mieux les incendier, usant d'un humour limite cliché afin d'attaquer, toujours gentiment, la traite des esclaves, dans un temps pas si reculé et dont les comportements sectaires et stigmatisant se perpétuent encore aujourd'hui, y compris entre les personnes de couleur!
On rit volonté même si la finesse n'est jamais vraiment là; Les portraits bouffis et vomitifs des aristocrates colons sont hilarants, similaires à ce qu'a pu faire Sergio Leone dans sa cultissime scène de commencement d'"Il était une fois la révolution". Les personnages de Fabrice Eboué et de Thomas Ngijol sont les véritables points forts de cette comédie, interprétés avec un plaisir et talent.
Au final on sait savourer "Case départ" comme il se doit, avec bonne humeur et un peu d'indulgence, afin de constater qu'il s'agit là d'une comédie qui me ferrait presque aimer la comédie française. Pétrie de bons sentiments certes, mais qu'importe ! 14/20