Le très « musical » Cameron Crowe nous avait laissé des impressions mitigées de ses dernières réalisations. Elizabethtwon, très prometteur, n’offrait qu’en demi-teinte ce que le projet promettait initialement. Quant à son dernier documentaire, le très bon Twenty, célébrant les 20 ans de carrière de Pearl Jam, il n’avait que la résonance de ce que Crowe affecte le plus, la musique. Ayant commencé sa carrière comme journaliste pour le magazine Rolling Stone, l’intégralité de sa filmographie portait toujours un fort affecte, une touche appuyée pour le « 4ème art ». Difficile donc de se projeter dans We bought a zoo, tant le réalisateur n’est pas, sur le papier du moins, le meilleur maître d’œuvre pour ce projet.
On admet que le film n’a pas le pitch le plus séduisant de ce début d’année. On s’étonne presque de ne pas voir Disney le distribuer. Mais Cameron Crowe peut parfois réussir à dégager des émotions simplistes certes, mais fortes. Le résultat s’avère ici très mitigé.
Et ce n’est pas la scénariste Aline Brown McKennna à l’écriture de ce fait divers qui pourra donner de l’ampleur au film à la vue de sa filmographie (27 robes, Une affaire de cœur…). D’ailleurs, qui peut penser que le sujet même du film permet un développement et des envolées intéressantes concernant les personnages principaux ?
En somme, Crowe est chargé de donner du relief à l’ensemble. Pari risqué, pari perdu. Le film ne peut échapper à son pitch et cet air bon enfant qui l’inscrit assez vite dans la case des films banals, sans réelle saveur.
On suit le parcours de ce père veuf et de ses deux enfants qui achète une maison et le zoo attenant à la demeure. Quasi aucun conflit, ni climax ne viendra déroger au rythme lent et lourd du film. Un sentiment d’éternité naît alors dans cette histoire déjà écrite, au devenir pressentis. On s’ennuie ferme même si Matt Damon, encore bluffant, d’une constante justesse surprenante, réussi à porter le film sur ses épaules. Scarlett Johansson figure féminine de l’entreprise, bien qu’en place, n’apporte strictement rien de plus. On regrette de ne pouvoir se laisser emporter par cette histoire, pour qui apprécient les bons sentiments, basiques et simplistes.
Le peu de plaisir se déporte donc sur la très jeune Maggie Elizabeth Jones, dont le naturel nous absorbe. Hélas, plus comme un effet de pub avec morceaux choisis, dont les répliques enfantines font souvent leur effet. Colin Ford, son frère dans l’histoire, réussira à décrocher probablement la scène forte du film, quand Matt Damon et lui se confrontent à cœur ouvert. Quand on relève autant par parcimonie les moments d’un film, le bilan est là, film qu’on ne peut huer mais trop plat pour évoquer un fort intérêt. Soudain, alors qu’on s’apprêtait à regarder sa montre, une dernière scène, apporte son quota d’émotion pour qui est friand de ce genre de moment. Pourquoi pas ! La bande son de Jonsi, magnifique, accompagne agréablement ce moment simple mais sincère, tout comme l’ensemble du film.
Cameron Crowe échoue donc à s’approprier We bought a zoo ainsi qu’à lui donner une saveur particulière et appuyée. Cela reste un film banal qu’on ne peut détester certes, mais attachant dans de trop rares moments, et qui plus est par facilité. En dehors de tout cela, la note « film familial » avec de bons sentiments, fonctionne de manière juste et dénuée de tout ridicule qu’on retrouve trop souvent.
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