Je vais vous conter l'histoire merveilleuse d'un film d'animation. Il était une fois, trois réalisateurs qui vivaient de leur passion commune. Cette même-passion était de conter des histoires sous forme de films. Et, heureusement pour eux, qu'on nommera le trio J-L-G (ou sous leurs noms respectifs Jackson-Luske-Geronimo), ils travaillaient dans le studio d'animation le plus présent de l'époque (et c'est encore aujourd'hui pareil), qu'était la Disney. Company. Leur projet terminé, ils se rendirent compte lors de l'avant-première générale que leur "bébé" avait plu, et ce non pas seulement au P.D.G lui-même de Disney, mais aussi aux critiques presses et au public qui avait assisté en petit mais sérieux comité à la projection. "Cinderella" fut un beau succès à travers le monde, il rapporte plus que ce qu'il coûte. Mentalité de l'histoire? Être quelqu'un de diabolique et d'avilissant n'apporte jamais rien de bon. Mentalité qui est complètement gommée par l'oeuvre de départ, mais en live. Donc avec un nouveau réalisateur, sans les talents du J-L-G et avec encore moins de doigté et de tendresse dans les voix des personnages et dans leurs mentalités. Prenons comme exemple l'interprétation de Lily James : elle joue une jeune fille qui aime ses parents, ces derniers sont protecteurs, la mère meurt d'une maladie grave, et fait promettre quelque chose à sa fille, c'est de n'être jamais méchant envers personne et de rester comme elle est. Comment peut-on être une mère aussi indigne? Une mère qui va jusqu'à demander à sa fille de rester toujours noble malgré ce qu'on lui ferait subir, et donc de ne pas rester comme ça dans son comportement naturel? C'est donc ça, le conte "Cinderella" réadapté soixante-cinq ans plus tard pour le public numérique, ce même-public qui a toujours autant besoin de s'évader, surtout avec la tension ambiante? Bon, retournons au filon : le père, dévasté par la mort de sa mère mais toujours autant aimant envers sa progéniture, accueille trois femmes parce qu'il... se sent trop seul? Voilà ce qui est flou : on ne comprend pas pourquoi elles sont invitées : le père en question est habitué à partir en voyage et à laisser sa petite famille seule, surtout que même si la mère meurt, Ella n'est pas seule : ses valets et femmes de chambre sont présents! Voire même qu'elle ne semble pas gênée d'être seule! Ou sinon c'est pour le père... Ce qui est complètement idiot lorsqu'on s'en aperçoit bien vu qu'il part en voyage durant six mois, enfin passons... Cate Blanchett est tout le problème d'un film de ce genre : elle n'arrête jamais d'exagérer son rôle. Enfin mince : elle se fiche d'un tant soit peu de Cendrillon et lorsqu'elle apprend ce qu'elle est (= une fille épris par un beau jeune homme qui ressemble étrangement au père de Cinderella) elle tombe dans les escaliers! Qu'est-ce que ça peut lui faire?! Pour certains elle fait du Shakespeare donc elle joue bien, sauf que nous ne sommes pas dans une pièce de théâtre : on est dans un film pour enfants de plus de quatre ans qui se fichent bien de savoir si le rôle se rapproche plus d'une oeuvre d'Hugo ou d'Allain. Toute l'intégrité du film originel est dévorée, tout ce qu'on pourrait ressentir d'une jeune femme qui se ferait bousculée par la mort d'un être cher et bientôt par des personnalités détestables se voit transformé en poussière... Voilà ce que Disney invente maintenant : des films qui ne sont plus que l'ombre d'un studio, plus que les faux pas recollées et imagées sur la Hollywood Valley de personnages qui ont su donner une empreinte génétique à un monument du cinéma? Plus d'imagination, juste un copier-coller indigne, surtout avec Branagh en tant que réalisateur et Blanchett et Bonham-Carter en tant qu'actrices... Un long-métrage qui n'existe que pour l'argent, fade et créé sans passion aucune. Douloureux quand on voit d'où ça part. Et ne parlons même pas de la technique de réalisation utilisée, car là-aussi, on tomberait dans de beaux draps, souillées par le manque d'ingéniosité d'équipes de tournage qui ne savent plus quoi inventer pour plaire à un public à qui on offre de la pâté alors qu'on pourrait leur offrir du caviar... Si l'envie y serait, tout au moins.