Avec le Cendrillon de Brannagh, on peut parler de quasi-chef d’œuvre ; le quasi, c'est parce qu'ils n'ont pas pu s'empêcher d'imposer un gros et affreux membre d'une minorité visible (mais vraiment laid vous n'avez pas idée) comme le bon conseiller du Prince ; et quelques unes de ses "sisters" qui essaient la pantoufle, ce qui est ridicule pour qui a des yeux et était au bal. Et aussi parce que, même si ce film a l'immense mérite d'être très proche de ce que l'on connaît de Cendrillon (surtout du dessin animé Disney) et surtout d'être réellement visible par tout public, il a néanmoins aussi un double message (mais pas très nouveau par rapport au dessin animé, simplement plus explicite) : 1) il faut prendre les choses du bon côté, "positiver" comme dirait Carr'ouf (dans le film : "être courageux et bienveillant" ; vertus chrétiennes certes, mais dont l'interprétation est tendancieuse dans un monde à la fois anti et hyper chrétien, c'est à dire qui se sert des vertus chrétiennes contre les chrétiens eux-mêmes en les suramplifiant de manière à annihiler le vrai christianisme) 2) le mariage par amour est telllllllement mieux que le mariage de raison! habituelle exaltation moderne typique de l'amour sexuel contre la raison et donc contre l'amour chrétien des époux, qui est raisonnable, s'éloigne de la passion, cherche à construire du durable, pas de l'éphémère souvent générateur d'immenses souffrances.
Néanmoins, il y a un troisième message plus discret qui a été glissé de manière à ce que les européens enracinés (Brannagh est irlandais! peut-être même catholique si ça se trouve ) ressentent une certaine connivence, à moins que le public visé ne fût le ricain blanc qui écoute de la country dans son ranch mais croit aux fadaises que les néo-cons lui servent et soutient la guerre au terrorisme arabo-musulman, qui a si bien fonctionné : il vaut mieux épouser une va-nu-pied blonde, charmante, européenne, originaire de son royaume qu'une princesse espagnole de Saragosse à nom oriental (séfarade ou musulmane? difficile de se prononcer à vu d’œil, mais je penche plutôt pour la deuxième solution;) : l’enracinement n'est évidemment préférable au cosmopolitisme que quand il nous rend susceptible de pactiser avec un religion qui aujourd'hui se retourne contre ses créateurs tel un golem monstrueux (ce qui est parfaitement cohérent avec le fait que le film véhicule une certaine dose - d'autant plus efficace qu'elle est homéopathique - de multi-racialisme ricain bon teint, voir ce que je disais sur le conseiller du Prince).
Donc, nonobstant toutes ces réserves, ce film vaut tout de même 4,5 /5 étoiles : images magnifiques, sentiments nobles, émotion à gogo, romantisme, même, et, oui, incroyable, un film réellement tout public, sans violence, sans pornographie, on ne pensait plus voir encore cela au ciné en 2015! Incontournable!