Fusse-t-il possible qu’il n’eut été plus nais encore que ce Cendrillon Live, version 2015? Eh bien non. Dans sa démarche respectueuse du classique animé Disney du siècle passé, Kenneth Branagh livre un long métrage à fort relents de guimauve, de mièvrerie, illuminé pourtant par les travaux de costumiers et décorateurs s’étant clairement lâchés. Oui, le réalisateur britannique, disciple parmi tant d’autre du Blockbuster hollywoodien depuis sa participation au premier film Thor, ne fait preuve ici ni d’audace ni qu’une quelconque indépendance artistique, se voulant simplement l’ambassadeur des valeurs de la firme aux grandes oreilles, opérant une simple et naïve remise au goût du jour d’un conte animé, une démarche largement remise sur le tapis par Disney. En effet, dans sa démarche consistant à recycler en version live tous ses classiques, le studio trouve en Kenneth Branagh un Yes Man de premier choix, metteur en scène assisté d’une quantité non-négligeable de techniciens, le tout dans l’optique de ne pas prendre le moindre risque, le moindre parti-pris.
Cendrillon, donc, l’une des fables parmi les plus féériques de la maison Disney, conte de Perrault, reprend vie en 2015 dans un film d’un kitsch poussif et d’une niaiserie accablante, sans doute voulu comme tel. En effet, cette nouvelle mouture s’adresse sans doute à la nouvelle génération, ceux n’ayant pas vraiment eu le privilège de contempler, étant gosse, la version animée. On repart donc à zéro chez Disney, offrant en pâture à un public nouveau ses vieux classiques, ici d’une manière on ne peut plus respectueuse, d’où la pâleur d’un film qui peine sincèrement à conquérir un public ayant suffisamment de bouteille. Dialogues d’une extraordinaire mièvrerie, personnages stéréotypés au possible, narration linéaire sans la moindre innovation, photographie kitsch et pompeuse, voilà donc un film d’un autre temps qui semble avoir conquis son public, pas vraiment délicat sur la marchandise. Oui, les petites, principalement, et leurs parents, trouveront sans doute sympathique, voire touchant, les aventures de la belle Cendrillon, injustice et grand amour au menu des festivités. Les autres, eh bien, devront se pincer les lèvres pour ne pas pouffer devant tant de niaiserie.
Mais tentons tout de même d’y voir du positif. D’abord, Kenneth Branagh nous fait l’honneur de nous éviter les séquences musicales, ou presque, rendant son film acceptable et non pas simplement insupportable. Mais ce qui sauve résolument Cendrillon du pathétisme, c’est sans doute les travaux des costumiers et décorateurs, les seuls artisans ayant démontré ici un savoir-faire et une passion pour les métiers du cinéma. Avouons qu’en dépit des bêtises cumulées, des maladresses dans l’interprétation des acteurs, la jeune Lily James en première ligne, les costumes sont classes, soignés, surtout lorsqu’ils sont portés par une Cate Blanchett charmante dans la peau d’une marâtre détestable. Les décors, quant à eux, ne sont pas non plus dépourvus de charme, je pense notamment au château du bal. On pourra aussi, mais cela découle d’une certaine forme de logique, remarquer les très bons effets visuels.
Bref, alors que techniquement Disney semble avoir mis les petits plats dans les grands, le studio, mandatant un metteur en scène malléable, des acteurs passe-partout, n’aura pris le moindre risque, s’efforçant de rester fidèle à l’œuvre initiale. On adhère ou non à la démarche, mais le visionnage n’en reste pas moins sacrément plombé par tant de naïveté, de guimauve et de facilité. Tant qu’à faire, dans sa démarche commerciale visant à ressusciter tous ses classiques, espérons que Disney fera preuve de plus d’entrain à l’avenir, évitant de passer par le case bisounours. 05/20