Les bonnes intentions font rarement les bons films, la preuve avec Que la Lumière soit ! et la longue déclaration d’amour qu’il s’efforce d’offrir au cinéma. Or, la profonde contradiction du projet d’Arthur Joffé est de penser que la frénésie rythmique, l’empilement de scènes brèves reliées entre elles à toute allure, sont des moyens de faire du cinéma, comme si ce dernier était un art du remplissage et de la vitesse. Au contraire, il y a cinéma quand le travail préparatoire s’efface pour donner à voir et à vivre ce je-ne-sais-quoi de sublime, cet instant où l’image mise en mouvement nous donne accès, à nous spectateurs, à ce sentiment supérieur d’une transcendance (qu’elle soit positive ou négative, qu’elle nous élève ou nous jette dans l’abîme). Et ce qui est symptomatique de l’échec du présent film, c’est que le tumulte permanent, que les sifflements de zoziaux qui passent de bouche en bouche, ne conduisent qu’à un écran vide chargé d’un long métrage auquel nous n’avons pas accès, le chef-d’œuvre vers lequel tend le film sans jamais y parvenir. S’opposent deux conceptions du cinéma ici emboîtées de façon malheureuse : une conception industrielle dans laquelle défilent une ribambelle d’acteurs célèbres qui s’évincent les uns les autres, une conception artistique qui n’est jamais atteinte, seulement parodiée par le prisme de nombreuses références, à commencer par Les Ailes du désir de Wim Wenders. Arthur Joffé met en scène une production soucieuse de nous raccorder à l’essence même du cinéma, mais oublie qu’il faut être au préalable un cinéaste. Reste une originalité formelle qui peut éventuellement divertir.