Biographie fictive de Marilyn Monroe, adaptée du roman portant le même nom, Blonde est une magnifique œuvre écrite et réalisée par Andrew Dominik. Cette histoire retrace le parcours de la chanteuse et actrice à travers un portrait intime qui n'est pas un biopic. En effet, cela est peut-être la plus grande force du long-métrage ou sa plus grande faiblesse, mais on pourrait très bien remplacer la vedette par n'importe qu'elle autre femme tant c'est romancé et que ça parle de sujets universels si on met de côté la gloire. Ce récit captivant, bercé par la voix de Norma, nous plonge au cœur d'un drame nous racontant trois décennies de sa courte existence, via des scènes qui se succèdent comme des tranches de vie ou coulent les larmes et poussent quelques sourires. Les esprits sont marqués dès les premières secondes et cela dure pendant les deux heures quarante-cinq de bobine qu'on ne voit pas défiler. On aurait même apprécié en voir plus, car certaines ellipses peuvent être frustrantes, notamment celle ou elle passe de l'enfance à jeune femme adulte. Les thèmes abordés sont nombreux car le vécu de l’icône fut tumultueux, en grande partie à cause de ses parents entre un père absent et une mère violente dont elle est la victime. Un martyr qui ne parviendra jamais à s'extirper de cette condition. Les traumatismes liés à son enfance vont la pousser à reproduire ce schéma d'instabilité et de chaos dans ses relations aux autres. À la recherche d'un père qu'elle n'a jamais connu, elle va en rechercher un de substitution chez ses amants. De ces rapports ne naîtront pas de progéniture, car elle va connaitre des grossesses compliquées la privant de son instinct maternel. Sa vie privée étant bouleversée, cela va également l'interroger sur sa double identité et son travail. Un aspect plus en retrait dans le film qui montre peu la foule et le succès et se concentre d'avantage sur son intimité, même si on assiste à quelques tournages entre ses tourments. Toute cette douleur donne lieu à certaines scènes psychologiquement dures et des émotions fortes, grâce à la performance remarquable des deux actrices. La petite Lily Fisher est impressionnante dans un rôle particulièrement rude, en assurant la jeunesse de la chanteuse, avant qu'Ana de Armas, dont la ressemblance est frappante, prenne le relais et se mette à nue que ce soit corporellement ou dans ses sentiments. Leurs prestations sont fabuleuses et on ne voit qu'elles à l'écran tant leurs visages sont marquants. Les autres comédiens assurent parfaitement leurs rôles mais ne font que passer et ce sont elles le cœur du projet et qui méritent d'être mises en avant. Si le fond est aussi prenant, c'est en grande partie grâce à la forme tout simplement sublime et grandiose. Visuellement, chaque plan est magnifique grâce à la réalisation maitrisée, naturelle, proche des personnages et jouant avec les formats, couplée à une photographie rendue somptueuse par le travail au niveau des couleurs et des décors. Elle est d'une grande richesse et se renouvelle constamment. Cette esthétique d'une immense beauté parvient même à magnifier des images explicites et nous gratifie de très bonnes transitions. Elle est en plus accompagnée par une b.o. aux notes envoûtantes, en parfaite harmonie avec elle et des chansons de la star toujours judicieusement placées. Cette tragédie se conclut sur une fin sonnant comme une évidence, vu le destin tracé dès la naissance de cette femme profondément meurtrie malgré son apparence. Les nombreuses qualités énumérées font donc de Blonde, une véritable proposition artistique proche de la perfection qui doit absolument être admirée.