Comment adapter un pavé de 1 110 pages en 2 h 47 de film ? Tel était le véritable défi du réalisateur Andrew Dominik quand il a commencé à développer son adaptation de «Blonde» au début des années 2000 ; presque peu de temps après la sortie du ‘‘monument littéraire’’ de Joyce Carol Oates (JCO). Si adapter un roman à l’écran est toujours quelque chose de périlleux, il l’est encore plus quand il s’agit de Marilyn Monroe. Cette dernière reste soixante ans après sa mort l’un des plus forts sex-symbol des États-Unis et le visage d’une époque. Donc, comment me direz-vous ? Eh bien en prenant le roman à bras le corps. Car dans son travail d’adaptation : Dominik ne se contente pas d’adapter linéairement le roman comme ce fus par exemple le cas de «Autant en Emporte le Vent» ou «Reviens-moi». Non, au contraire, il décide de reprendre le corpus du livre, c’est-à-dire ce monologue intérieur de Norma Jeane alias Marilyn, garde la structure et le caractère bipolaire du livre ainsi que la thématique, mais pour mieux se l’approprier et en faire sa propre œuvre. JCO, qui a pu voir en avant-première le film avant tous, a confié qu'Andrew Dominik avait pris son œuvre pour en faire une autre, et c’est exactement cela.
Le film et le roman sont à la fois très différents et parfaitement complémentaires. Là, ou JCO suggérer certains éléments dans son roman, Andrew Dominik viens soit les appuyés, soit les confirmés.
[Pour exemple dans son roman : l’écrivaine américaine suggère que Marilyn Monroe fus violée par le président Kennedy. Cependant la prose utilisée et ses jeux de style nous laisses tout de même un doute lors de la lecture. Dans son film, le réalisateur néo-zélandais l’affirme carrément.]
Le texte qui date de 2000 paraît - avec les différents choix de mises en scène, d’adaptation… - davantage pertinent en 2022. Alerte toutefois à tous ceux et celles qui pensent que « Blonde» est un biopic sur Marilyn Monroe. Il n’en est rien. Car premièrement «Blonde» n’est pas un film sur Marilyn, mais sur Norma Jeane. Cette enfant dont personne ne voulait et qui est devenue l’une des plus grandes actrices de tous les temps. Certes, dans le livre comme dans le film, on reprend des éléments historiques : ses mariages, la sortie de ses films...
Mais même si le long-métrage réemploie la structure du biopic, cette adaptation est davantage un thriller psychologique comme «Spencer» qu’un film d’horreur. D’où la tension dite « malsaine » que certains révulsent. Mais même sans cela, «Blonde» est un film inclassable tout comme son sujet. Le film navigue sans cesse entre les genres, et les thématiques et « brouille la frontière entre réalité et fiction pour explorer l’écart de plus en plus important entre sa personnalité publique et la personne qu’elle était dans l’intimité.» Comme le souligne justement le résumer. De mon humble : c’est ce qui faisait la force du roman éponyme lors de sa sortie et fait logiquement celle de son adaptation, aujourd’hui. Avant d’entrée plus dans le détail, pour les lecteurs : «Blonde» est assez fidèle au livre, dans l’esprit. Même si lors de la première projection, j’ai eu l’impression de le survoler.
Ainsi, on n’évoque que très minimisent son enfance, sa rencontre avec son premier mari : Bucky, son adolescence ou elle commencer à être hyper sexualisé, ses débuts comme mécanicienne dans l’armée... Pour moi cette partie qui dure au moins 60 pages était l’une des plus intéressantes du livre et c’est triste de ne pas s’y être attardé, mais bon, on ne peut pas tout avoir.
Néanmoins si, vous laissez tomber tout ce que vous connaissez du roman et du sujet - ce que j’ai fait au second visionnage - vous serez donc harpe et « profiterez » pleinement.
Depuis sa sortie : le nouveau film d’Andrew Dominik n’as eu de cesse de susciter à tort ou à raison polémiques et controverses. Tout dépend des sensibilités de chacun notamment sur le traitement du personnage de Norma Jeane (‘‘Marilyn’’) ou la crudité de ses scènes de sexes...De mon point de vue , je trouve soit ces réactions bien futiles soit hyper-hypocrites. Je sais que mon discours ne plairas pas, mais peut importe. Pour bien comprendre un film, il faut en comprendre son sujet. «Blonde» est un film qui évoque la création d’un personnage. Soit par le travail de l’acteur (celui que Marilyn fait avec ses autres ‘‘rôles’’ comme dans Niagara ou Les Hommes préfèrent les Blondes) soit celui de la femme pour être le sex-symbol voulu par d’autres (‘‘bipolarité’’ de Norma Jeane pour Marilyn). Dans tous les cas, c’est un film sur l’histoire d’une jeune fille qui est à la fois forcée de faire-semblant pour plaire, et qui a aussi besoin de faire semblant, car elle ne sait pas qui elle est. Ce qui rentre en parfaite adéquation avec le fait que le long-métrage est également un film sur l’importance du père dans la construction d’un enfant. Un des trois sujets autant évoqué que celui du rôle de la maternité. Le film est souvent pessimiste, tragique et je ne vais pas dire qu’il est facile à visionner, loin de là. Toutefois, je pense que c’est un film nécessaire pour comprendre réellement qui était celle qui toute sa vie durant n’as jouer qu’un rôle dans sa vie «Marilyn», sans pouvoir être qui elle voulais être. Certes, Norma Jeane a au début accepté cela et elle a user de cet artifice pour mieux contrôler les hommes de sa vie souvent mauvais dans le film.
[Peut-être à l’exception de son couple former avec Arthur Miller, magnifiquement jouer par Andrien Brody dont les scènes sont une parenthèse de ‘‘joie’’ en tout cas de douceur dans le film.]
Mais je pense que c’est une personne qui avait horriblement besoin d’être aimé, et dont ont s’est moquer et jouer. Cela n’enlève rien à son talent, ses bonnes actions contre la ségrégation...mais «Blonde» brosse le portrait d’une femme horriblement seule, et c’est ce qu’était Norma Jeane. Toute la vie de Norma Jeane n’aura était que du cinéma, alors dire aujourd’hui « on vient bousiller la vie de Marilyn Monroe...Marilyn Monroe se retourne dans sa tombe...» c’est comme ignorer à nouveau Norma Jeane et la cantonner à ce pénible personnage. Après, je pense que oui, c’était aussi une femme forte, et cela, ni Andrew Dominik ni JCO ne le remettent en cause. Marilyn Monroe a étouffé Norma Jeane, avec «Blonde» ces deux artistes lui rendent sa « voix» en tentant d’imaginer par quoi elle a traversé, et qui n’est pas complètement faux si on regarde des documentaires, etc...Même alors cette voix du père présente tout le film n’est plus objet de fiction, quand on sait que l’actrice se doutait que Charles Stanley Gifford était peut-être son père et qu’en effet, il l’était. Si, le film est violent ce n’est pas gratuitement. Dans «Blonde», rien n’est gratuit. Si les scènes de sexes ont, étaient tourné et écrites de cette façon, c’est pour nous faire ressentir pleinement presque dans notre chair, ceux par quoi le personnage de Marilyn Monroe superbement interpréter par Ana de Arams traverse. Ceux qui font les offusquer devant ces scènes de sexes sont des hypocrites, car contrairement à « 50 nuances de Grey» ou autres pornos hollywoodiens » : celle-ci malgré leurs suggestivités sont moins que celles des films cités.
Visuellement le film est une immense réussite ! Andrew Dominik nous as concocter un véritable petit objet de cinéma. Que ce soit dans les images dont certaines donnent presque l’illusion d’images d’archives
(séquence du tournage de «Certains l’aiment chaud», toute la partie avec Arthur Miller, sa mort, les séquences sous les étoiles en noir et blanc avec Charlie Chaplin Jr…)
, dans sa musique, son jeu sur les ratios d’images, ou le mélange de technicolor et noir et blanc...J’espère que ce sera un film qui sera étudier dans les meilleurs écoles de cinéma, tant il regorge de détails que l’on ne peut voir complètements en deux séances. Nul raison de vous dire qu’au niveau de la reconstitution on a vu plus abouti depuis bien longtemps. Alerte toutefois à tout ceux et celles qui pensent que «Blonde» est un biopic sur Marilyn Monroe. Il n’en est rien. Mais «Blonde », c’est aussi un écrin d’acting. En première ligne Ana de Armas qui se révèle complètement. Un critique disait de sa performance qu’ « elle ressusciter Marilyn Monroe », je crois que c’est tout à fait vrai. Le défi était de taille et l’emporte haut la main. Elle est magistrale, déchirante, spectaculaire... Marilyn transparaît tellement en elle tout du long qu’on a presque l’impression d’être voyeuriste. Franchement, si elle ne gagner pas par l’Oscar de la meilleure actrice cette année, je ne comprendrais plus les Oscars – je n’ai pas vu prestation plus fouillée, plus juste, plus vrai, plus sincère, plus authentique depuis celle de Marion Cotillard dans ‘‘La Môme’’. Si, Ana de Armas avait déjà tout d’une grande, là elle a déjà tout d’une étoile. J’ai beaucoup aimé Xavier Samuel dans le rôle de Charlie Chaplin Jr qui est talentueux, et émouvant. Julianne Nicholson est déchirante. Et j’ai bien aimé aussi le fait que Caspar Phillipson, qui jouait déjà Kennedy dans ‘‘Jackie’’ (2016) reprenne son personnage, même s’il est loin d’avoir le beau rôle.
Vous l’aurez donc compris «Blonde» aura était réellement mon coup de cœur de l’année. Celui que j’attendais impatiemment et qui a été confirmé. Aussi dure que «La Passion du Christ» et aussi cauchemardesque que « Spencer», ce film s’avère toutefois nécessaire pour réellement découvrir la femme qui se cachait derrière Marilyn. À la fois adaptation, mélange de genre (biopic, thriller psychologique, drame, film d’horreur) : «Blonde» se révèle être autant un objet de cinéma qu’une expérience auditive, sensorielle grave, douloureuse et éprouvante. Comme dis, jamais un metteur en scène n’aura été aussi proche de son sujet. Et ce n’est pas sans compter sur la performance prodigieuse de l’actrice cubaine Ana de Armas qui ramène à la vie pour le meilleur et pour le pire son illustre modèle. Certains aimeront, certains détesteront... Dans tous les cas « Blonde», ne crache pas sur son héritage et ne remets pas en cause le talent de Monroe dans ses films que je vous invite à voir. C’est clairement le film de la décennie et c’est un film dont on parlera encore longtemps et qui comptera comme un classique du cinéma, j’en suis sûr. En attendant, c’est tout simplement le chef d’œuvre de l’année.* Une expérience vertigineuse ! Je n'avais pas vu film plus déchirant depuis "La Beauté du Monde" de Cheyenne Carron !
*Ames sensibles s'abstenir toutefois, et préférables de connaitre la vie de Marilyn Monroe et ses films avant de l'y aborder. Ce film reste une fiction tout de même.