Polisse est un film coup de poing qui étonne autant qu'il peut déranger. Je dis étonne car ce film s'attaque à un sujet bien trop récurrent en France et pourtant bien peu retranscrit au cinéma. Ce film fait une véritable introspection dans le ce qui est le quotidien d'une équipe de la brigade de protection des mineurs, et dans un plan plus large, sur celui des agents de police, mais dans un registre un peu plus soutenu.
Ce film relate de manière exhaustive de nombreux cas concernant les mineurs, de la plus simple histoire sexuelle entre des jeunes jusqu'au viol aggravé sur sa progéniture. Aucun sujet n'est épargné et c'est ce qui fait sa force mais aussi et surtout sa dureté. Car oui, ce film est dur, on peut s'en douter avant de visionner le film, mais même si le film fait une belle amorce en douceur, en présentant plusieurs cas variés dès le début, tout en présentant petit à petit l'équipe, Polisse ne cesse de donner de plus en plus d'ampleur sur le poids et la dureté émotionnelle de certains de ces cas. Parfois à la limite de l'intenable, même si ce point n'est pas vraiment un point négatif, sûrement dans l'intention de montrer la réalité de ces histoires : car oui elles sont éprouvantes car ces histoires arrivent vraiment !
Avec ça, les acteurs tiennent parfaitement la distance, en voulant nous offrir une poignée de personnes, chacune à la personnalité et à son milieu qui lui est propre pour accentuer ce rassemblement dans ce métier malgré des vies et des soucis personnels
(Karine Viard jouant une mère de famille venant de divorcer plus par contrainte que par volonté, Joeystarr jouant un père séparé ne pouvant voir sa fille qu'occasionnellement, Marina Foïs jouant une femme désabusée, mal dans sa peau et anorexique jugeant les relations des autres afin de se sentir mieux, mais cache en réalité une souffrance enfouie, et j'en passe...).
J'ai également apprécié le rôle que s'est attribué Maïwenn dans son propre film, à savoir une photographe timide et introvertie, qui se voit immergée dans cette équipe afin de faire un article sur justement ce fameux quotidien de cette section de la police. Ce qui donne une double subjectivité de la réalisatrice/actrice, aussi bien devant que derrière la caméra, du plus bel effet, non seulement car elle y trouve malgré tout sa place parmi eux, mais aussi car ce procédé accentue beaucoup l'immersion des spectateurs, de quoi nous donner un avis différent de la polisse, voulant nous montrer que malgré la police sont des personnes simples, aux histoires pas plus simples ou compliquées que n'importe qui.
En clair, un excellent film sur un sujet si peu traité, très fort mais par là très dur, à conseiller fortement (à condition d'avoir un programme un peu plus joyeux à enchaîner avec ça pour ne pas se coucher plombé, vous êtes prévenus).