De l'ordre dans le désordre, ou du désordre dans l'ordre, qu'importe, ce film est d'un réalisme époustouflant ! Au début, on patauge quelques minutes, on passe un peu vite d'une scène à l'autre, on essaye de comprendre, on essaye de faire les jointures, puis on arrive à les joindre bout à bout, alors on plonge dedans, on s'y colle à fond et on vit le film jusqu’au bout.
Cette œuvre est d'une réalité surprenante, plus fort qu'un reportage, aussi vrai que vrai. Les flics du film sont semblables aux vrais flics avec la difficulté de leur métier, avec leurs joies et leurs peines, avec les fous rires et les coups de colère, avec les vies intimes de chacun, tout est conforme, sincère, honnête et juste, d’une justesse implacable et redoutable !
Superbement bien joué ! Les acteurs sont d'une extraordinaire similitude avec la réalité de chaque jour dans les Brigades des Mineurs. Je le confirme pour les avoir vu dans leur boulot. Oui, c'est cela la Brigades des mineurs. C’est un « job » difficile, un métier qui fait mal au ventre, une brigade où il faut avoir des nerfs d'acier pour ne pas déraper, une sensibilité énorme mais savoir la maitriser. Des dépressions quasi inévitables, des jalousies, des divorces, des excès d’alcool, et la mort parfois au bout du chemin, avec l’arme de service.
Une brigade avec des chocs émotionnels qui vous suivent jusque chez soi, qui marquent la conscience, le cœur, les tripes pendant des jours et des jours, toute une vie parfois. Des colères, des tristesses, des émotions qui font mal au ventre : Voir l'enfance maltraitée tous les mois. Voir des jeunes partir en vrille à chaque instant. Voir des pédophiles qui prétendent ressentir de l'amour pour les enfants et qui excusent leur comportement pédophile en raison de cet amour infect. Voir des enfants avec des marques de coups de poing, des bleus, des blessures, des joues et des corps meurtris. Voir des enfants violés par leurs parents, ces mêmes enfants qui culpabilisent. Se prendre des injures, des vexations, et même des coups, c'est cela la vie quotidienne de la Brigade des mineurs. Et le film en est l'authentique reflet.
Tout est juste dans ce film. Tout est vrai. Toutes les scènes que l'on découvre dans le film sont des faits journaliers. Les dialogues sont authentiques, aussi vrai que nature, les rigolades et les accrochages sont identiques à la réalité d'une brigade.
Maïwenn nous fait découvrir ici ce qu’est réellement la Brigade des mineurs, sans faux-semblants, sans en rajouter, sans surjouer, sans inventer, avec les mots qu’il faut, au moment où il faut, les vrais mots qu’ils prononcent dans la police.
Un travail de mise en scène qui vous tétanise. Des dialogues qu’on ne peut écrire qu’en les ayant entendus. Des vérités comme le manque de voiture, des réalités comme le comportement du commissaire plus préoccupé par le déroulement de sa carrière que par la fatigue des hommes et des femmes de cette brigade.
Oui, un réalisme troublant qui vous scotche sur votre fauteuil et qui vous laisse dans un état de réflexion intense, une sensation de malaise qui se prolonge longtemps après la fin du film. C’est cela un bon film, un grand film. Une réalisation qui vous marque jusqu’au plus profond de vous-même et qu’on n’oublie jamais.
Un film à voir, à revoir, à étudier, à méditer.
Un chef d’œuvre pour ma part.