Dernier film de Miller, qui sort finalement par une porte pas trop petite si on compare ce film à plusieurs foirages antérieurs ! Après, est-ce dû à Miller ou à Mauriac ? Je dirai au second !
Car en effet, Thérèse Desqueyroux est un film en costume très très académique ! Mise en scène élégante mais d’un conventionnel qui flirte plus d’une fois avec l’archaïsme et la platitude : décors et reconstitution honorable mais sans perspective atmosphérique, cette adaptation de Mauriac est un métrage à l’esthétique téléfilm affirmé, qui peine à montrer une quelconque originalité formelle. Ce n’est d’ailleurs pas dans la musique des plus anodine que le film va trouver à se démarquer du tout-venant. En clair, le dernier film de Miller est une adaptation littéraire formellement lisse, qui ne retient pas outre mesure l’attention, mais qui a le mérite d’être assez propre. Rien d’excellent cependant !
Le scénario a des idées, et comment en serait-il autrement avec l’adaptation d’un bon Mauriac, mais le traitement laisse à désirer. C’est incroyable que le réalisateur de Garde à vue ou de Mortelle randonnée se soit éloigné à ce point de tout souffle, de toute émotion ! Thérèse Desqeyroux c’est un film où le réalisateur se contente de faire le boulot, mais il ne ressort rien de l’histoire, ou si peu ! Finalement que sait-on de l’héroïne à la fin ? De ses motivations, de ses relations à son mari, de ses tourments, de ses crimes mêmes ? Ce ne serait la présence presque anecdotique de Anaïs Demoustier et de son personnage, Thérèse Desqueyroux serait un de ces films quasi-abstrait tant tout est dans le non-dit, l’inexprimé, l’intériorisation. C’est bien gentil, mais le spectateur reste largement à l’extérieur de cette histoire ou pourtant tout, à défaut d’être dans le rythme et l’action est dans l’émotion, la subtilité des sentiments ! La fin est bâclée.
Le casting flamboyant comme dans tout bon Miller qui se respecte s’avère un atout à double tranchant. Face à de très bons seconds rôles, campés par Lellouche, Demoustier, même Perrin, autant d’acteurs qui font le boulot et le font bien, Audrey Tautou est une Desqueyroux qui frôle l’expressivité de la carpe koï ! L’actrice a l’air perdu avec ce personnage, mettant ses yeux en position « chien battu », et trainant tout le film son air d’enterrement, sans convaincre.
Pour ma part, Thérèse Desqueyroux est à l’image de son titre, un film d’une simplicité telle qu’on frôle le ratage ! Les moins difficiles trouveront un film académique appréciable, surtout par rapport à certains loupés récents de Miller. Il y a quelques bonnes choses, mais que j’ai le sentiment que Miller a compromis son talent si souvent ! 2