Avis sur El tesoro de la diosa blanca

El tesoro de la diosa blanca est un film de Jésus Franco franchement peu convaincant. Comme beaucoup de réalisateurs, dès qu’il s’attaque à un genre un peu audacieux (ici le film d’aventure), le résultat est trop juste.
Coté interprétation, je ne sais pas pourquoi (quoique si en fait), j’ai surtout retenu Mari Carmen Nieto. Elle illumine vraiment le film de sa présence, apportant finalement la seule touche vraiment intéressante du film : un érotisme soft et esthétique, qu’elle impose notamment lors d’une séquence de baignade qui reste surement le meilleur moment du film. Elle est belle, elle est clairement photogénique, et elle vole la vedette à Katja Bienert dans le rôle titre. Cette-dernière passe moins bien à l’écran, elle manque de charisme dans son rôle de « Tarzanne » et son jeu d’actrice est très limite (faut dire qu’elle a plus à faire que Nieto). Pour le reste Aline Mess non moins dévêtue que les autres à un rôle très basique, et coté masculin ce n’est pas plus enthousiasmant. Je ne sauve pour ma part qu’Antonio Mayans, professionnel et convaincant.
Le scénario est lui aussi fort décevant. En fait Jésus Franco essaye vaguement de s’emparer des classiques du cinéma d’aventure avec un trésor, des indigènes peu engageants, une femme sauvage pas si sauvage que cela, glissant une idylle naissante au milieu de cela, et l’érotisme dont il a l’habitude. Dit comme cela c’est assez encourageant, mais non. Le film est diantrement long, il s’égare continuellement, Franco voulant trop en faire avec ses personnages, et plutôt que de se concentrer sur l’intrigue principale, il dévie trop souvent pour finalement noyer son scénario. Les personnages passent leur temps à tourner en rond, discuter, s’observer, vaquer à leurs occupations et Franco n’y va pas avec le dos de la cuillère coté remplissage. La fin est par ailleurs impotente, c’est le moins que l’on puisse dire. Je précise quand même que le trésor n’est rien d’autre qu’un morceau d’améthyste !
Sur la forme, le résultat n’est guère franchement mieux. La mise en scène est plate, sans relief. Voilà un film d’aventure filmé manière Derrick, avec une caméra paresseuse, des plans qui ne magnifient strictement rien, des scènes d’action d’une lenteur rare. C’est désastreux. La photographie évidemment fait son âge, mais le problème tient surtout aux stock-shots. Ceux lors de l’attaque du crocodile figurent surement dans les pires que j’ai pu voir avec une image granuleuse d’une mocheté rare. Les décors sont finalement ce qui reste de mieux, même si vraiment il faut un peu d’imagination pour se croire au milieu de la jungle. Alors niveau érotisme et violence, ce Jésus Franco est très abordable. Il n’y a vraiment rien de choquant, avec un peu de nudité certes, mais absolument pas vulgaire, et aucune scène sanglante. Enfin musicalement bon, ben il n’y a rien.
Jésus Franco livre ici un spectacle assez médiocre en fait. Je n’attendais certes pas Indiana Jones, mais enfin un film d’aventure exotique avec un peu d’érotisme, c’est plutôt encourageant sur le papier. Le résultat est un métrage qui patauge dans la mélasse à presque tous les niveaux. Assez mauvais sur le fond, il est formellement dans le ventre mou de la filmographie de Franco qui n’est pas non plus celle de Bergman ou de Malick.