J'avais déjà bien aimé All is lost, avec Robert Redford, de Chandlor. Je lui attribue une réalisation propre, nette et sans bavure. C'est aussi le cas de Margin Call, qui relate la crise financière de 2008 du point de vue de quelques tradders de Wall Street. Scénario inintéressant ou trop intellectuel ? bien au contraire, et c'est là d'ailleurs où est le petit côté génial de Chandler: c'est qu'il arrive à faire d'un sujet complexe un film aux allures de thriller dramatique, très abordable, via un huit-clos intelligemment mis en scène. Outre quelques scènes où des détails économiques compliqués sont évoqués, et perdent donc le néophyte en la matière, plusieurs dialogues entre les personnages permettent de comprendre, de manière vulagrisée, le problème financier en question. Et là, tout devient intéressant. Au delà du scénario, qui peut sembler aux premiers abords un peu trop "prise de tête", il faudra évoquer l'excellent tableau visuel que Chandlor fait de Wall Street. La mise en scène semble très travaillée, renforcée avec des décors aux couleurs électriques et aux détails intelligent parsemés. Ajoutez à celà un casting ultra solide, composé d'une froide Demi Moore, d'un requin de Simon Baker (un rôle contre-emploi plutôt osé et réussi), et les toujours excellents Kevin Spacey et Jeremy Irons; et quelques jeunes moins connus mais aussi très efficaces. Les costumes ne sont pas non plus négligés, et c'est là aussi un pari réussi, dans la mesure où il est difficile de s'émarger du standard "costar-cravate" dans un tel milieu. Non laissés au hasard, les costumes sont en effets différemment agencés suivant les personnages et jouent à leur identification rapide par le spectateur. De plus, on observe, tout au long du film, des plans superbes et des scènes bien cadrées. Rien ne semble être laissé au hasard. La bande son, bien qu'elle soit sans doute voulue ainsi, reste plutôt pauvre, accompagnée ici et là de quelques thèmes discrets. Là pourrait être, à mon goût, un léger point faible. J'accorde en effet une importance considérable aux musiques, qui peuvent balancer beaucoup sur les émotions qu'un film véhicule. Mais d'autres pourront, tout à fait légitimement, trouver un côté sobre, froid, et dur dans ce choix de bande-son qui du coup devient, sous cet angle, corrolaire au milieu de la haute finance. Un film qui laisse de bonnes impressions, qui inspire la maîtrise de l'art visuel, et qui correspond à tout public. Ne surtout pas se dire que le sujet traité amène l'ennui ! La note aurait plus grimper plus haut si le film avait été, selon moi, mieux encadré au niveau du récit. En effet, l'openning ne m'a pas marqué, et c'est domage car je le considère très important dans un film, dans la mesure où ce dernier joue beaucoup dans son immersion première. Et la fin reste une énorme queue de poisson à mes yeux, dont je n'ai pas compris, si elle existe, la seconde lecture. Autre fait gênant pour un tel genre de film; c'est de savoir où est la fiction, où est le vrai ? Les détails annecdotiques du film (le chien et vies de famille, les parcours des personnages (leur cv), les détails d'analyse économiques, les salaires, les réunions entre les hauts dirigeants entre autres) ne sont-ils que de la romance ? Bref, Margin Call reste un film à voir au moins une fois.