Il y a du bon et du mauvais dans le film de J.C. Chandor, Margin Call. Du bon en termes d’illustration brute d’un univers financier destructeur, moralisateur et dans l’erreur. Du mauvais malgré tout dans la mise en scène, l’approche. Oui, si l’esprit d’entreprise, hiérarchique, est ici relativement saisissant, les échelons sont tous concernés par le problème découvert par un simple analyste, les acteurs peinent parfois à faire transparaître leur véritables intentions, leurs véritables rôles dans cette amorce de chute de l’économie mondiale, donc américaine. Bref, un crash financier vu de l’intérieur, des bureaux d’une firme sans nom qui pourrait très bien s’appeler Lehmann Brothers.
Chandor réunit un casting imposant afin de constituer son entreprise. Kevin Spacey en vieux briscard de la finance plein de remords à voir son monde s’écrouler, consoler par un bonus sans doute attrayant. Jeremy Irons en big boss peu recommandable, Zachary Quinto en petit génie des chiffres, Paul Bettany en homme à tout faire orgueilleux, Demi Moore en madame sécurité de la firme et même Simon Baker en patron rajeunit. Bref, que des têtes connues pour illustrer un monde dédaigneux, responsable d’une nouvelle crise financière, celle des Subprimes, celle bien connue de 2008, issue selon la théorie ici d’une mauvaise interprétation de chiffres et de probabilités.
Tout commence par un licenciement multiple. Des cadres et autres traders se retrouvant à la porte, une sombre erreur est mise à jour et tout s’écroule très vite, de par un acte de dépressurisation qui permettra à la firme, en tant qu’entité, de survivre en sabotant ce avec qui et avec quoi ils ont travaillé. Bref, remords, survie financière et crise morale sont au menu. L’on peine cependant à s’attacher à ce beau monde, sans doute du faite d’une réalisation plate, d’un manque de dynamisme, et très certainement à cause d’une VF désastreuse, alors que même en VO, le film n’est pas franchement énergique.
L’on connaît la fin, l’on connaît le mal dont souffrira le monde à la suite dudit incident, l’on est simplement curieux de découvrir le pourquoi, le comment, et là, le film n’est pas très explicite. L’on nous ne démontrera finalement rien, prétextant simplement une erreur de calcul, de modèle, qu’ils appellent ça, cause de tous les maux qui suivront. OK le film semble juste, mais les moyens cinématographique déployés, eux, semblent faibles, malgré un casting, lui, solide. 09/20