« La planète des singes » est à la base une métaphore de notre société, une oeuvre qui y jette un regard extérieur pour interpeler notre objectivité et nous mettre en garde de notre sentiment de supériorité, du pouvoir que se permet d’exercer l’homme sur son semblable. C’est également une remise en question de la politique, de la justice et de l’endoctrinement exercés par des personnes qu’on prend sans doute un peu trop au sérieux. Nous proposer d’explorer les origines de cette société de singes, n’a de pertinence que si c’est pour nous approfondir cette vision, ou pour la compléter, c’est là où je jugerais la démarche d’une nouvelle suite de flims intéressante. Or ce premier volet d’une trilogie annoncée sort complètement de cet esprit et nous propose une histoire banale qui essaie sans grande conviction de dénoncer notre relation avec l’animal, y incluant au passage une remise en question la place de l’éthique dans l’industrie pharmaceutique. Pourquoi pas, deux sujets qui auraient pu être un point de départ adéquat vers d’autres plus profonds si la manière de les traiter n’était pas extrêmement maladroite. On s’en aperçoit dès les toutes première scènes, où c’est Will (James Franco), le jeune scientifique qui
s’emballe comme pas possible, qui se précipite nonchalamment et s’obstine bêtement à faire promouvoir devant des investisseurs un remède qu’il n’a pas encore testé, pour que ce soit finalement le chef de la section de recherche celui qui est pointé du doigt, celui qu’on va huer vu qu’il réagit en prenant des mesures drastiques sans égard à la vie des singes. Suite à ce cuisant échec, on nous fait ressortir le caractère cruel et avide de ce personnage, tandis que Will, lui, n’éprouve ni remords ni un semblant de culpabilité, il est même présenté en victime à l’issue du traitement subi, surtout qu’on découvrira dans la foulée que le bébé du sujet d’expérimentations, est derrière le fait que ce dernier ait
fait preuve d’une impulsivité incompréhensible comme si tout était justifié à partir de là. Une subjectivité de points de vues qui dérange dès le début, et va continuer malheureusement à faire tâche jusqu’à la fin du film. Le procédé répétitif est de coller d’abord différentes étiquettes méchant et gentil, coupable et victime, cruel et empathique aux personnages, pour ensuite intégrer au sein de cet entourage le singe et sa condition désolante. C’est simplet, c’est la solution de facilité. Will, en plus de son manque de charisme, de sa faible personnalité, est extrêmement naïf, ne sait pas faire preuve d’une force de caractère qui va au delà du fait de contester certaines décisions,
dont paradoxalement celle de ne pas tester les effets secondaires du 113 virus alors que lui-même avait commis la même erreur sans s’en mordre les doigts,
qui le pousserait à défier directement ceux qui décident à sa place. Même Oscar, le singe, le devance sur ces aspects, c’est une subtilité majeure qui découle involontairement de ce scénario, qui hélas n’a pas du tout été remarquée et est donc demeurée inexploitée. Au lieu de nous embarquer, à travers le regard du macaque, dans une vision de la société dont il apprendra l’organisation, les principes, et les lois au vu de ce que son maître aura vécu, y constatant toutes les failles et les injutices qui y règnent, au lieu de le faire spectateur dans un premier temps, puisqu’étant animal il en est exclu, puis acteur dans un second temps car il se rendrait compte que même son maître, pourtant humain et intégré, reste tout de même aussi impuissant que lui, aussi primitif et incompris, on reste plutôt sur un scénario plat où les singes se contentent de se venger de l’agressivité qu’ils avaient subit avant de s’enfuir. Là où la révolte aurait pu être caractérisée par les mêmes critiques insinuées dans le concept admirablement figuratif de « La planète des singes », et motivée par le fatalisme de l’humain par rapport à sa condition dans la société, « Les origines » se contente de bâtir une histoire dénuée de symboles, fournissant une simple explication plausible des faits ayant donné naissance à des singes intelligents, sans plus de profondeur, sans davantage de sous-entendus, ne desservant au final que l’action décorée des quelques jolis effets spéciaux réussis. La portée de la réflexion sur l’humain est très basique, ce n’est clairement pas ce que j’aurai pu attendre d’une oeuvre portant le nom de la franchise, je le dis d’un ton ferme et autoritaire : Non !