En 1963 apparaît le tout premier roman de La Planète des Singes écrit par l'auteur français Pierre Bouille. C'est à partir de là que naît tout un mythe autour de cet univers fictif, qui fera objet de nombreuses adaptations cinématographiques, de séries télévisées et même de bande dessinées, le tout en traversant les générations. Nous nous intéresserons donc aux adaptations cinématographiques et de l'engouement que ces dernières ont généré. Le premier film est daté de 1968, réalisé par Franklin J. Schaffner. Le succès est tel que le film donnera naissance à quatre autres films. Cependant, en 2001, le célèbre réalisateur Tim Burton réalisa un reboot qui, malheureusement, se révèle être décevant. Ainsi, un nouveau projet est mis en place, un nouveau film qui cherche à recréer le commencement de l'histoire du soulèvement des singes, qui ont pris la place de l'Homme. Difficile à dire si il s'agit d'un préquel ou d'un reboot, mais en attendant nous pouvons affirmer que La Planète des Singes : Les Origines est le plus réussi de tous ! 2011 est une année riche en blockbusters ( Harry Potter et les reliques de la mort partie 2, Transformers 3 : La Face cachée de la Lune , Thor, Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence, Mission Impossible : Protocole Fantôme, X-Men : Le Commencement et pleins d'autres...), et pourtant La Planète des Singes : Les Origines est un concurrent redoutable à tous ces films. Rupert Wyatt n'a pas une carrière très fournie et ne compte pas de grands films dans sa filmographie, mais cela changera rapidement avec son nouveau film La Planète des Singes : Les Origines qui se distingue comme un film remarquable et habilement mené. D'une intelligence impressionnante et d'une sensibilité parfaite, ce film est le début d'une nouvelle ère...Une nouvelle ère plus réaliste, plus profonde, et surtout plus humaine.
La Planète des Singes : Les Origines se déroule avant les événements des premiers films sortis durant la fin des années 60, cependant, Rupert Wyatt s'est permis de prendre quelques libertés et on ne peut pas lui en vouloir car c'est ces libertés qui apportent cette dose de renouveau, de fraîcheur et de réalisme. En un peu moins de deux heures, le réalisateur parvient à nous offrir une œuvre complète durant lequel les spectateurs s'attacheront obligatoirement aux personnages principaux, Will Rodman, brillamment interprété par James Franco et qui est la référence même de la sensibilité et de l'humanisme au sein de ce film, et surtout César, le chimpanzé qui est au cœur de l'histoire. Par le biais d'une motion capture splendide, saisissante et même incroyable, Andy Serkis donne littéralement vie à son personnage au visuel magnifique, et qui par ailleurs, nous émeut. Là où le film frappe fort est dans la relation qu'entretiennent les personnages entre eux, cela accentue l'émotion, les craintes et les répercussions sont forcément plus délicates et plus importantes. La relation qu'entretiennent nos deux protagonistes est fusionnelle, on est attaché à ces derniers, mais la présence d'individus moins sensibles et moins « humains » vient donner un supplément d'émotion. La mise en place de chaque partie scénaristique est subtilement menée, c'est efficace même si on aurait aimé un développement encore plus approfondi. Les événements s'enchaînent donc à vitesse grand V, il n'y a pas de place pour l'ennui, et la tension est omniprésente. D'autant plus que la séquence finale est riche en action, ce qui intensifie énormément le rythme. L'histoire, l'ambiance et la narration permettent de mettre en avant le côté réaliste, tout en intégrant une partie fictive bienvenue. Le scénario est ambitieux et particulièrement efficace, cependant il gagnerait à être moins vite expédié et donc plus développé. L'intelligence de nos chimpanzés sont à l'image de l'intelligence de l'écriture du scénario, c'est à dire très élevée. Des chimpanzés privés de leur libre arbitre, enfermés et malmenés se soulèveront contre l'Homme à travers une lutte acharnée pour la liberté. Un soulèvement mené par César, chimpanzé à qui on a indirectement administré du ALZ, substance permettant de décupler l'intelligence et de soigner la maladie d'Alzheimer. Cependant, cette substance présente des effets secondaires qui sont fatals à l'humanité. La justesse et l'évolution de l'histoire sont remarquables, la première partie du film se concentre à l'évolution physique et mentale du chimpanzé pendant que Will cherche avec volonté un remède. L'attachement pour ces personnages est au summum à ce moment là mais les situations font que nos personnages changent, ils s'adaptent et on ne sait jamais de quoi les personnages sont capables. Cela permet d'ajouter un certain suspens au film. Pour ce qui est de l'aspect technique, difficile d'y trouver des défauts. En effet, le cadrage est parfait, les prouesses offertes par la motion capture nous émerveille, le rendu est est au final épatant. C'est le même cas pour la qualité des effets spéciaux, très utiles pour améliorer la fluidité et le réalisme des séquences d'actions.
La Planète des Singes : Les Origines est bien plus qu'un simple blockbusters, il est le tremplin pour redonner vie à une saga mythique du grand écran. En mélangeant fiction et réalisme, Rupert Wyatt donne aux spectateurs une morale dénonçant les actions humaines qui laissent à désirer et qui s'avère être cruelles. Une belle leçon qui entre dans un contexte qui nous concerne tous, la fiction apportent ici la magie, le spectacle et une ambiance pré-apocalyptique qui nous plonge dans une immersion des plus totale. Le réalisme, quand à lui, apporte sa dose de profondeur, de caractère et de sensibilité où le développement des personnages et le jeu des acteurs ont un rôle clé. Rupert Wyatt signe donc un film fabuleux, puissant, et particulièrement réussi. Une agréable surprise pour un agréable moment de cinéma, si ce n'est plus que ça.