Alors que l’on attendait rien du tout, en 2011, du reboot de la franchise de la planète des singes, voilà qu’un Blockbuster convaincant vient contredire les appréhensions. Non pas que ce préquel dénommé simplement les origines soit mirobolant, non pas qu’il soit jubilatoire, il démontre toutefois que certains artisans sont encore capables de livrer des copies aussi bien originales que réfléchies. L’on doit dès lors cette résurrection d’une franchise qui n’avait alors plus rien à raconter à un certain Rupert Wyatt, jeune cinéaste presque débutant qui tend à prouver un talent certain. La réussite de son film tient certainement de l’amour que voue le réalisateur au cinéma des ses aïeux, sans pour autant les plagier, les copier. Ici, le jeune metteur en scène prend ses aises et livre l’un des meilleurs opus de la saison Blockbuster 2011, rien de moins.
L’atout majeur de ce volet de la planète des singes, initiateur d’une nouvelle franchise, est sans doute l’utilisation de cette formidable invention qu’est la Motion Capture. Remercions donc Andy Serkis, le formidable Golum de Peter Jackson qui reprend les capteurs pour incarner ici le singe César, leader de la contestation des primates. Le design des bestiaux est ici tout bonnement extraordinaire, les singes paraissant plus vrais que nature, du moins pour la majorité d’entre eux, à l’inverse des opus précédents, parfois presque ridicules artistiquement. La capture de mouvement permet non seulement de mettre en scène une ribambelle de singes furieux aux mouvements extrêmement fluides mais aussi et surtout, à donner vie aux expressions faciales de ceux-ci, souvent très réussies, surtout en ce qui concerne César, d’abord petit singe tout chou puis guerrier poilu en quête de justice et liberté.
Pour autant, alors que la vitrine est belle, nous ne sommes pas dupes. La SF des années révolues qui avait vu naître le tout premier opus de la franchise est obsolète. L’on peine dès lors à adhérer à cette colonisation de notre planète par des singes, aussi malins soient-ils. Peu importe l’épidémie naissante qui menace l’humanité, et dont on parle finalement peu ici, le sujet semble éculé d’avance, malgré les artifices prodigieux aidant à la mise en scène de cette histoire malheureusement un peu naïve. L’homme expérimente sur les animaux, profite des bêtes à poils pour y inculquer leurs virus. L’homme est mauvais avec les singes dans les cages et j’en passe. Oui, finalement l’homme prend le retour de manivelle entre les yeux, pourquoi pas. Reste que le personnage de James Franco, honnêtement inutile au long métrage, si ce n’est meubler, incarne l’homme bon, semble-t-il le seul du lot. Et pourquoi faire?
Alors que l’acteur ne sera plus de la partie dès la suite annoncée pour 2014, l’on se demande bien ce que vient concrètement faire l’acteur, son histoire d’amour dans tout ça, si ce n’est rappeler au public que parfois l’homme peut être bon. Bref, peu importe, le résultat est amusant, respectable d’un point du vue du pur divertissement. Visuellement bluffant, La planète des singes : les origines, permet de lancer une nouvelle franchise d’une manière forte habile, laissant de nombreuses portes ouvertes à ceux qui prendront le relais, je pense là à Matt Reeves qui livrera l’affrontement entre hommes et singes dans quelques mois et qu’une deuxième suite est maintenant annoncée. De belles perspectives pour une franchise improbable. 14/20