Nul ne peut nier que le deuxième long métrage de Rupert Wyatt s’inspire directement du roman de Pierre Boule, et des adaptations au grand écran qui ont été faites. Sauf que cette fois, comme son nom l’indique, l’histoire du film se déroule avant celle du livre, dans un certain anachronisme puisque l’action se déroule de nos jours. Peu importe, puisque le scénario a choisi de traiter des problèmes contemporains, tout en soulevant des problèmes d’éthique. Cet anachronisme paraissait être un lourd handicap, mais le staff technique du film a réussi l’exploit de le tourner à son avantage. La chose n’était pourtant pas aisée, surtout après une nouvelle version de Tim Burton ratée en 2001. Les scénaristes ont pris le risque de donner le rôle principal à un singe et cela s’est avéré payant, notamment par le biais de la performance capture, technique par laquelle Andy Serkis a donné vie au chimpanzé nommé César. Certes son personnage a été reconstitué intégralement en images de synthèse, mais encore fallait-il lui donner l’attitude d’un véritable primate, avec en prime les expressions faciales, en plus de l’aspect physique. Ainsi, le spectateur s’attache beaucoup plus à lui, d’autant plus que le point de vue est davantage tourné vers celui du singe. Ainsi le public a la sensation d’assister à quelque chose de nouveau dans la vaste saga entamée en 1968. Inutile de louer la grande qualité des effets visuels, ils parlent d’eux-mêmes. Entre les plans panoramiques, les singes réunis en groupe, et le pont de San Francisco dont la cime s’évanouit dans le brouillard, le spectacle est au rendez-vous. Et encore, je ne vous dit pas tout. "La planète des singes : les origines" amène aussi quelques beaux moments d’émotion, notamment entre César et Will. James Franco rend une bonne copie, bien que Will, son personnage, devienne peu à peu spectateur de son "produit". Après Andy Serkis, je donne également une mention spéciale à John Lithgow, celui-là même qui interprète Charles, le père de Will, en totale opposition du rôle qu’il avait obtenu dans "Cliffhanger, traque au sommet". Et nous regrettons même qu’il soit l’élément déclencheur du tournant du film, alors que nous avons une belle scène le réunissant avec César. Et puis nous avons Tom Felton, décidément dédié aux mauvais rôles, lui qui endossait déjà la peau de Drago Malfoy, le sorcier maléfique dans "Harry Potter" et grand rival du rôle-titre. A la fois gueule d’ange et sale tronche, il joue exactement dans le même registre que Percy Wetmore, le jeune gardien de prison du couloir de la mort présenté par "La ligne verte", interprété par Doug Hutchinson. On se plaisait à le détester, et on rêvait de le molester à notre tour tant il le méritait. Eh bien ici c’est pareil
, et c’est avec un plaisir non feint qu’on voit le retour de bâton s’abattre sur Dodge
. Pour ce qui est du côté animalier, la notion de groupe est bien retranscrite, et celle de la hiérarchie également. "La planète des singes : les origines" est donc un grand spectacle hautement divertissant dans lequel aucun animal n’a été maltraité puisque aucun singe n’a été utilisé sur le tournage. En effet, chaque créature a été créée de façon numérique par la Weta Digital, studio d’effets visuels créé par Peter Jackson en 1993. Et surtout ce film n’est ni plus ni moins qu’un nouveau volet d’une longue franchise entamée en 1968, avec une vision beaucoup plus contemporaine, sans être vraiment dans la continuité des autres films, réinventant ainsi la saga tout en gardant certains aspects de l’histoire des films originaux afin de créer de nouvelles origines pour mettre en place une nouvelle mythologie. Affaire à suivre donc.