En 1980, la période bénie des séries et feuilletons français entrait doucement mais sûrement dans sa décadence. Philippe Lefebvre qui allait réaliser quatre ans plus tard pour le grand écran, “Le juge” inspiré de la vie tragique du juge Michel avec Jacques Perrin, Richard Bohringer et Daniel Duval dans les rôles principaux, est commandité par Antenne 2 pour une série policière en quatre épisodes, s’intéressant selon une vision romancée à la fameuse épopée du “Gang des Lyonnais” qui sur une période de trois ans se verra imputé trente braquages. La police française de l’époque parut bien impuissante face à des actions commando millimétrées préparées de longue main, prenant tout le monde de court par leur célérité. La série concentre justement sa narration sur l’action de la police avec à sa tête le commissaire Chenu interprété par un Bruno Cremer dans la force de l’âge, dix ans avant qu’il n’endosse le lourd manteau du commissaire Maigret. Impérial d’autorité, de pugnacité, de mauvaise foi, mais aussi d’humanité, il incarne un véritable meneur d’hommes, aimé et respecté par les Jean Benguigui, Albert Dray, Jean-Pierre Bagot, André Rouyer, Jean-Pierre Castaldi, Marc Chapiteau, Jean Saudray, Daniel Russoet Max Vialle qui tous impeccables campent ses fidèles lieutenants. Philippe Lefebvre, s’appuyant sur le roman du journaliste d’investigation Jacques Derogy, scrute de manière très documentée et réaliste la longue traque qui se met en place, faite d’espoir mais surtout de déception après chaque échec soldant les tentatives multiples tentées par Chenu pour prendre le gang en “flag”. Les malfrats représentés en premier lieu par un Gérard Lanvin encore débutant sont donc observés de loin sans analyse psychologique approfondie, plaçant ainsi le spectateur à la même distance que les policiers qui passent beaucoup de temps en filature. On ajoutera au casting l’impayable François Perrot toujours aussi charmeur en juge revenu de tout et attendant visiblement la quille, Roland Bertin en chef de l’OCRB Paris toujours un peu sceptique, chargé de faire le tampon entre le ministre qui s’impatiente et le commissaire Chenu qu’il soutient contre vents et marées. Enfin, on saluera Jean-Pierre Sentier acteur précieux trop tôt disparu, tout en retenue et impeccable en homme de l’ombre qui tire les ficelles à L’ORCB Paris. Avec “La traque” s’expose quarante ans plus tard le plus bel exemple de la série policière française à son meilleur tout comme l’était aussi le cinéma français du genre à la même époque.