A l'image du concept de "Into the wild", "Sur la route" raconte l'histoire d'un jeune écrivain qui, pour s'inspirer, décide de voyager dans une Amérique des années 40 et puiser dans les ressources paysagistes afin d'y déceler l'étincelle qui remplira les pages de son roman futur. Accompagné d'amis plus délurés les uns que les autres, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs délires et leurs complexes, il se frayera un chemin vers la connaissance et l'experience acquise. Les paysages sont trés beaux, la photographie trés soignée, la bande originale jazzy à souhaits et la narration intelligente. Mais voilà, la mise en scéne manque cruellement de relief et de profondeur pour que le public s'immerge dans l'oeuvre et s'imprégne totalement de l'intrigue. Et pourtant, Walter Salles avait tous les atouts en main pour parvenir à réaliser quelque chose de puissant, remarquable et véritablement transcendant. En premier lieu, son casting. Alors que l'on retrouve de nouvelles têtes d'affiche montantes telles que Garrett Hedlund, Sam Riley et Tom Sturridge, ou bien des comédiens confirmés et trés en proie outre-Atlantique, comme Kristen Stewart, Kirsten Dunst, Amy Adams et Viggo Mortensen, tous jouent à la perfection, avec une mention pour l'interpréte de Dean Moriarty qui, semble-t-il, livre la prestation la plus difficile de l'ensemble des protagonistes. Ce lot de personnages, bien pensés et évoluant dans un contexte aventureux, nous dispense de naïveté et paraissent vraiment, tous à leur maniére, avoir quelque chose à raconter sur eux. Mais le réalisateur ne permet pas cette dominance culturelle et s'en tient à des principes de base, jouant sur les travers de la génération contemporaine actuelle pour faire paraitre nos aînés, sur la forme, comme de simples fuyards à la conquête de l'inconnu, tandis que leur périple amorce pourtant des desseins autrement existentiels mais qui sont figés à l'écran, masqués par des scénes démunies de pudisme et malheureusement répétitives à bien des égars. Cette cohésion prend trop souvent le chemin de l'anecdotisme sans se pencher reellement sur les relations qui unissent ces jeunes. Alcool, joints et sexe ponctuent ainsi ces 2h20 de route, où les escales de Denver à San Francisco ne parviennent pas toujours à nous interpeller véritablement. Assez ambitieux sur le papier, Walter Salles s'abstient d'émouvoir son public et livre une oeuvre plutôt basique, avec des lenteurs et des moments appréciables. On ne s'attache donc pas necessairement au destin de ces personnages. La fin ne surprend guére mais clôture l'oeuvre sur la seule note énigmatique du film, nous laissant finalement avec quelque chose de réellement consistant. De bonnnes suprises tout de même viennent stimuler notre regard et nous combler, de par l'éfficacité et la spontanéité de séquences bien léchées. Cela ne suffit pas pour prétendre au chef d'oeuvre escompté. Mais, dans son ensemble, "Sur la route" s'avére un divertissement sympathique, qui nous épargne le sentimentalisme à foisons et les bréves fresques pseudo-lyriques qui pourraient lui donner un genre. Bon sur la forme, moins captivant sur le fond, on en demeurre pas moins satisfaits du résultat.