Une petite bourgade de l’Ohio dans les années 80. Un groupe de gamins tourne un film amateur lorsqu’un train lancé à pleine vitesse déraille, causant une importante catastrophe ferroviaire. Rapidement, l’armée intervient, apparemment assez inquiète de ce qu’est devenu le contenu du train…
J.J.Abrams passe désormais presque pour un vieux routard, avec une production télévisuelle et cinématographique considérable sur les dix dernières années. Alias, Lost, Fringe, Mission Impossible 3, Cloverfield, Star Trek, l’hyperactif M.Abrams a su délivrer beaucoup de produits plutôt réussis, même si on est en droit d’être un peu déçu de ce qu’il fait au cinéma, au vu de ce qu’il avait produit pour la télévision. Jusqu’ici « faiseur » attitré de franchises, il développe et écrit lui-même son film pour l’occasion.
Et pour le coup, il s’agit d’un film nostalgique, presqu’une contre programmation aux gros blockbusters formatés et à la 3D. Ce film aurait pu sortir dans les années 80, tout semble en effet créé pour ramener le spectateur vers les plaisirs « à l’ancienne », et il faut avouer que cette madeleine de Proust est tout à fait réussie. Comme toujours chez le réalisateur, c’est propre, rythmé, bien mis en image, en un mot : agréable. On se sent comme dans ses pantoufles avec ce film qui semble sortir d’un autre âge, celui où l’on pouvait cacher un monstre pendant une heure pour s’arrêter sur un gamin et son père qui ne se remettent pas d’un décès.
Dans un vrai hommage, le film se range continuellement dans l’ombre du cinéma de Spielberg, en en retenant les meilleurs côtés : le mystère, un savoir-faire indéniable dans le développement des personnages et bien sûr ce monde de la fin de l’enfance, magnifiquement rendu par de surprenants jeunes comédiens, parfaitement dirigés. Cela va jusqu’au clin d’œil à de nombreux films, E.T. évidemment, mais aussi Rencontre du troisième type, Les dents de la mer, La guerre des mondes ou encore Jurassik Park.
Mais n’est pas Spielberg qui veut, et la dernière demi-heure du film éclaire la distance entre un excellent faiseur et un authentique artiste. Le film peine alors à créer une réelle angoisse alors que la ville et ses parcs d’enfants sont envahis par des tanks et des hordes de soldats (et là, le parallèle avec La guerre des mondes fait mal), il peine aussi avec sa bête numérique un peu trop propre, et surtout il peine à faire surgir l’émotion de son final pourtant volontairement grandiloquent. Bref, il peine à finir, à conclure, à boucler les boucles (c’est d'ailleurs un parallèle que l’on peut faire avec sa production télévisuelle).
A l’arrivée, un film intéressant, très plaisant mais pas renversant. Rempli de bonnes idées, visuellement très au point, un vrai bain de jouvence, mais qui n’est finalement pas plus que ça.
http://dh84.over-blog.com/