Le film qui a assis une bonne fois pour toute Sean Connery dans le rôle de 007 et garanti la renommé de l'agent britannique de manière planétaire. Il change de ton par rapport aux films précédents car on change ici de réalisateur. Hamilton amène plus d'humour, et même un brin de parodie comme dans cette scène ou une dame en tricot tire à la mitrailleuse sur Bond alors qu'elle apparaissait cinq minutes avant comme inoffensive. C'est ici restreint mais pourtant ce genre d'humour décalé porte en lui déjà le germe de ce que seront les films dirigés par Hamilton au début de la décennie suivante, qui sont souvent considérés par les fans, et surtout par les puristes, comme trop comiques, voir auto-parodiques et plutôt dans les pires de la saga. A sa décharge on ne doit pas oublier que le livre lui même avait une tendance au pastiche.
On assiste tout de même dans ce film à un feu d'artifice d'action, de gadgets, de répliques sarcastiques, de Bond Girls, de méchants incroyables et de morceaux de musique splendides. En effet la musique de Jonh Barry colle au film et la chanson titre a fait le tour du monde.
La trame retrouve les questionnement occultes et les connaissances ésotérique de Fleming, et alchimiques pour être exact. Le plomb qui se transforme en or. Voilà la quête de Bond. Alors que son opposant se propose de voler l'or des autres, et même plutôt de le salir. Il ne peut donc comprendre comment atteindre la féminité de Pussy Galore qui ne pourra résister à Bond et lui permettre de trouver l'or, intérieur comme extérieur. Cette thématique de l'or/féminité atteint évidemment son paroxysme (c'est le cas de le dire …) lors de la fameuse scène avec Jill Masterson peinte en or de la tête aux pieds. Auric Goldfinger ne possède que l'or extérieur et tente de l'apposer sur la femme, de la pénétrer avec mais il ne peut que la tuer car sa transformation alchimique interne ne se fait pas. C'est Bond qui trouve la voix de l'or en Pussy Galore et finalement en lui même pour finalement terminer le cycle en s'accouplant avec Pussy Galore, passée d'un camp à un autre.
Les gadgets prennent ici toute leur épaisseur et deviendront un passage obligé jusqu'à Au Service Secret de Sa Majesté cinq ans plus tard. Pas la peine de faire le détail, l'Aston Martin est archi-connue et la séquence de torture au laser est rentrée dans l'histoire du cinéma.
Les autre Bond Girls, les sœurs Masterson sont limitées, à la fois dans leur talent et dans leur temps à l'écran et n'ont aucunement l'impact d'Honor Blackman, mais c'est là le rôle qu'on leur a attribué. Il est dommage que le livre n'ait pas été respecté et que Tilly ne soit pas capturée avec Bond, le personnage aurait pu avoir plus de dialogue et donc de profondeur. Dans ce cas il aurait fallu une autre actrice, avec plus d'aplomb et de charisme. Comparativement au livre aussi, le film ne fait que suggérer l'homosexualité de Pussy Galore, car à l'écran il fallait être plus politiquement correct, ce qui réduit la tension entre elle et Bond. Ceci dit, Blackman a du charisme et interprète le rôle parfaitement, c'est suffisant pour le film qui ne cherche pas à transcrire page par page le livre et cherche, heureusement, à l'adapter au mieux.
Celui qui ne manque pas de charisme non plus est Gert Fröbe (et Michael Collins pour la voix) qui incarne admirablement Goldfinger, à la fois orgueilleux, machiavélique et (trop) sur de lui. Il est parfait et est devenu mythique avec sa fameuse réplique lors de la scène de torture au laser.
Quant à la musique, John Barry est définitivement à l'aise et produit une bande originale énergique, suave et emprunte d'une tonalité jazzy, qui sera la marque de fabrique des futurs Bonds, tout comme la chanson de Shirley Bassey, la première chantée dans un générique de la saga qui sera le modèle à suivre pour les chansons bondiennes à venir.
Au final le film nous entraîne sans faillir dans une histoire rocambolesque, drôle, excitante et devenue connue à travers le monde, du Brésil au Japon.