Goldfinger ou le film de la franchise James Bond le plus plébiscité. La bondmania commence ici, pour beaucoup de fans, alors même que Goldfinger finit d'achever la présentation de toutes les facettes mythiques de l'agent 007. Le passage de flambeau de Terence Young, qui reviendra plus tard, à Guy Hamilton, ami de longue date de la star, Sean Connery, marque l'entrée de la série dans une aire nouvelle, plus faste, plus euphorique, plus imaginative. Si Goldfinger peut parfois s'avérer artificiel, c'est pourtant ses artifices qui donneront le ton à bien d'autres films par la suite. C'est ici aussi l'occasion de découvrir la première séquence pré-générique, indépendante du reste de l'histoire, quand bien même celle-ci ne soit pas une réussite majeure. Tout commence donc après le fameux générique éponyme signé notamment Shirley Bassey, tout simplement magique.
Bond est donc confronté à Goldfinger, magnat de l'or, criminel indépendant de génie, dont le but est l'enrichissement personnel à grande échelle. Un criminel intelligent, affublé d'un homme de main aussi singulier que marquant dans la franchise, en somme, un ennemi qui ne se cache pas face à l'agent 007 qui usera plus que jamais de l'arsenal du département Q, dont bien entendu, de la fameuse Aston Martin DB5, voiture la plus célèbre au monde depuis. Inventif, plus inventif d'ailleurs que les deux opus précédents, attention cela ne veut pas dire meilleur, Goldfinger en met plein les mirettes. De la femme peinte en or à un final déjanté, en passant par quelques démonstrations de l'Aston Martin et un parcours de golf captivant, le film est d'une régularité remarquable.
Sean Connery, toujours au top, incarne le James Bond le plus charismatique jusque ici, et ce même si Guy Hamilton semble s'amuser à jouer l'ironie ou l'auto-parodie quelques scènes durant, notamment lors de la séquence pré-générique. Mais Goldfinger ne serait pas ce qu'il est sans le présence de l'acteur allemand Gert Fröbe dans le rôle du grand méchant, maniéré, aux répliques cultes, et la belle Honnor Blackman, star de chapeau melon et bottes de cuir, en Pussy Galor, dont rien que le prénom aura marqué les esprit. Goldfinger ne sera rien non plus sans les fastueux décors de Ken Adam, Fort Knox, le ranch de Goldfinger ou encore la salle du laser. Notons aussi que les studios Pinewood et ses environs auront été mis à rude épreuve pour l'occasion.
Miami Beach, un détour en suisse et retour dans le Kentucky, là ou Goldfinger entend bien mettre Fort Knox à sac, affublé d'un cirque aérien et de chinois moralement impliqué, même si l'on ne nous en dit pas plus. Reste que le film, aussi culte soit-il, aura vieilli comme peu d'autres. Certaines séquences, dont la poursuite nocturne dans les bois, n'est plus au goût du jour, que les accoutrements, façon pyjama, des acolytes chinois de magnat sont maintenant risible et que certains effets sont minimalistes. Enfin, tout ça c'est passé en 1964, autant dire un paye. Ne soyons pas trop sévère en reconnaissons à Goldfinger son statut de film légendaire, le plus vu en France de la série jusqu'à récemment, soit Skyfall. Pour ma part, le prochain est meilleur, Opération tonnerre donc, mais là encore, qu'une question de goût. 14/20