Nul doute que « Charlie Countryman » n'a pas fait l'unanimité, ou alors légèrement contre lui. Il faut dire que tout est loin d'être parfait, notamment ce scénario boiteux manquant sensiblement de densité et ayant de sérieux airs de déjà vu, n'exploitant pas toujours bien certains seconds rôles (le duo James Buckley - Rupert Grint en premier lieu, franchement lourdaud), sans oublier un
« happy end »
faisant vraiment rajouté au vu de l'ensemble. Il serait pour autant dommage de passer à côté des réelles qualités plastique de l'œuvre, nous plongeant de façon très immersive dans un Bucarest halluciné, donnant à la ville une allure aussi fascinante que cauchemardesque. Beaucoup d'idées, de lumière, un brillant travail sur le son accentué par une bande-originale « électro » du plus bel effet : moi qui me plains souvent que tous les films aujourd'hui se ressemblent, ce n'est clairement pas le cas ici, offrant au passage quelques scènes vraiment prenantes
(la course-poursuite dans le métro est notamment un beau moment de cinéma, sorte d' « Impasse » miniature réussi)
. Dommage, donc, que le fond ne suive qu'à moitié : si l'histoire d'amour ne laisse pas indifférent, le comportement de Gabi ne convainc pas toujours, même si la présence d'Evan Rachel Wood rend fort crédible la fascination que le héros a pour elle, Mads Mikkelsen apportant, lui, un charisme, une présence indiscutable à son rôle de mafieux ultra-violent. De vraies incohérences et un manque de liant dans l'intrigue criminelle, où surnage quelques bonnes idées
(la cassette cachée sous un titre trompeur)
, insuffisantes toutefois pour se démarquer du tout-venant, pas aidé, donc, par un dénouement tombant presque comme un cheveu sur la soupe. Maintenant, l'expérience visuelle et sonore est originale, sensitive, stimulante : elle apporte quelque chose au milieu d'un septième art devenu consensuel, sans audace ni personnalité. En cela, Fredrik Bond mérite d'être salué : malgré ses failles d'écriture et le manque d'originalité de son récit, « Charlie Countryman » est un vrai film : de quoi justifier le coup d'œil.