La manière dont j'ai découvert Charlie Countryman est un peu atypique, il y a encore une semaine, je ne connaissais pas du tout ce film, c'est en surfant sur internet que je suis tombé sur l'affiche du film, et un peu à la manière de Trance de Danny Boyle (car pour ce film, tout est également parti d'un simple poster), celle-ci m'a tout de suite interpelé, ce mélange de couleurs psychédéliques avec en premier plan le visage de Shia LaBoeuf légrement egratigné m'a tout de suite plus, ça annonçait un film assez tripant tout en restant sérieux (au vu du regard de l'acteur), ni une ni deux, j'ai cherché à voir ce film et c'est ainsi que j'ai vu Charlie Countryman, sans avoir vu une bande annonce, sans savoir un seul élement de l'histoire et sans connaître le casting.
Et p*tain j'ai bien fait de le voir ce film (surtout en ne m'étant pas renseigné dessus), la première chose qui frappe dans ce film est l'inspiration évidente du côté de chez Danny Boyle, Fredrick Bond (qui signe ici son premier film) ne le cache d'ailleurs pas, il s'est beaucoup inspiré de certains films du réalisateur anglais notamment Trainspotting et Slumdog Millionaire dans la façon dont les courses poursuites à pied sont tournés (sous LSD) ainsi que la photographie au couleur psychés de Trance mais également dans le montage, parfois très rapide. Alors il est clair que les détracteurs de Boyle cracheront sur ce film, mais les admirateurs, comme moi, seront en total émerveillement devant ce concentré de tout ce que j'aime chez le metteur en scène britannique, c'est puissant, riche visuellement et ça claque sa maman mais de manière sévère. Les séquences sous extas sont d'une beauté visuelle à tomber et puis que dire du fond sonore de Moby (car oui, c'est Moby qui a composé la musique du film, surprenant n'est ce pas ?) si ce n'est qu'il ajoute une touche mélancolique ou survitaminé en plus.
Au delà de ça, la force supplémentaire du film est son mélange des genres, peu de réalisateur arrive à changer constamment de voix pour le film, on pense bien sur à Quentin Tarantino mais aussi Guy Ritchie ou encore son pote (à Ritchie pas à Tarantino) Matthew Vaughn alors quel étonnement de voir qu'un petit nouveau dans le domaine du cinéma arrive à un tel résultat pour son premier coup d'essai !
On s'étonne régulièrement de rire dans ce film, surtout lorsque Charlie Countryman (Shia LaBoeuf) débarque à Bucarest et qu'il lui arrive un tas d'embrouilles, la barrière de la langue et la différence de culture (notamment sur les droits de l'homme en Roumanie, où t'es accueilli à coup de tazer, Welcome to Romania, Bitch !) entraîne quelques situations assez amusantes alors que le film démarre sur un évenement assez dramatique, que ce soit dans le fait ou dans la manière dont cela est traité. Durant tout le film alors, le film va constamment changer de registre, passant de comédie au drame jusqu'à la dernière demi-heure virant au polar violent à l'atmosphère glauque, symbolisé par le grand Mads Mikkelsen et son accolyte Til Schweiger, deux mafieux au regard inquiétant, le genre de mec qui te font fermer ta gue*le lorqu'ils se mettent à parler. Le reste du casting est plutôt prestigeux en particulier Shia LaBoeuf, qui fait en ce moment et malheureusement plus parler de lui pour ses boulettes (son clash avec Jim Carrey notamment) que pour ses prestations d'acteurs et ses choix de films, pourtant de plus en plus intéressants et risqués, on sent bien que depuis 1 ou 2 ans, le bonhomme cherche à faire oublier son rôle d'héros abruti de Transformers en faisant des choix étonnant (Des Hommes sans Lois, Sous Surveillance mais surtout Nimphomaniac, sorti dernièrement), là encore, à l'image du film, il vogue parfaitement entre différents registres, registres tantôt caractérisé par Evan Rachel Wood, Mikkelsen et Schweiger (pour l'aspect drame, polar), tantôt par le perché et couillu (trop de viagra tue le viagra) Rupert Grint (le "Ron" d'Harry Potter) et James Buckley (pour l'aspect comédie).
Une très bonne surprise que ce Charlie Countryman, surprenant pour un premier essai d'un réalisateur talentueux, un film atypique dans son traitement et sa mise en scène, un bijou sensoriel porté par un excellent casting et un cadre spatio-temporel propice à toutes les folies que se permet le film.