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Moorhuhn
140 abonnés
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4,5
Publiée le 27 février 2013
Elégie orientale est mon premier Sokourov, cinéaste que j'avais hâte de découvrir. C'est un film documentaire de 3/4 d'heure nous embarquant sur une île japonaise à la rencontre des insulaires locaux. Dis comme ça, ça paraît très terre-à-terre et chiant mais c'est vraiment bien plus que ça.
Formellement ce film est d'une beauté inouïe. L'introduction nous embarque directement dans une sorte de rêve brumeux et mystérieux. L'immersion est totale, l'ambiance moite et inquiétante m'a comblé. Sokourov use beaucoup du flou, ce qui colle parfaitement au caractère onirique du métrage. Il y a une démarche artistique vraiment intéressante, la forme fait vraiment corps avec le fond et est très travaillée. Le travail sur les effets d'ombres et de lumières est juste remarquable, le cinéaste reste fidèle à ce procédé tout au long du film ce qui ne m'en a jamais sorti j'étais véritablement conquis. L'emploi du son est judicieux, rythmé par une voix-off traînante et accrocheuse avec quelques points de musiques et un fond sonore global qui nous fait vivre réellement cette sensation de rêve. Ce qui m'aura moins plu ce sont les discussions avec les habitants locaux alors que paradoxalement cela rajoute une dimension supplémentaire au film. Ce qu'ils disent est intéressant, troublant. Ils se mettent à nu devant la caméra, masqués par le flou, et livrent des moments intimes de leur vie, remplis d'une intense mélancolie. Superbe mais dommage que la voix du narrateur s'incruste sur leurs paroles histoire de les doubler. C'est un petit détail mais ça gâche un peu le truc. Mais ce film, malgré son format court, est d'une richesse hallucinante. Outre le fait de nous embarquer dans ce rêve aussi majestueux que fascinant, ça touche à l'intime, à l'amour, au temps qui file inexorablement. C'est difficile d'en parler, c'est plus une expérience à vivre qu'à raconter. J'ai été plus que charmé par ce film en tout cas, une grande expérience de cinéma. C'est beau à en pleurer, la photographie est juste somptueuse, je ne compte plus le nombre de fois où intérieurement je me disais "Ouah quel plan magnifique". Une oeuvre intelligente et bouleversante.
Je découvre Sokourov avec ce film-trip, ce rêve éveillé mélancolique et nostalgique. Il faut noter une première chose : Alexandre Sokourov est un génial faiseur d'images et certains plans sont magnifiques. On peut en revanche regretter le manque de mouvements de la caméra mais vu l'allure du film, c'est peut-être voulu pour maintenir l'immersion. En ce qui concerne le fond, j'ai été sceptique au début sur le côté un peu bazardeux de la métaphysique du film. Mais finalement, cette métaphysique vient appuyer la sensibilité et le lyrisme du film et notamment dans un final exténuant de beauté. Je vais rapidement m'intéresser au supposé héritier de Andrei Tarkovski, Alexandr Sokourov, dont la virtuosité m'apparait des ce premier ouvrage de 45 minutes.