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stebbins
502 abonnés
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5,0
Publiée le 14 mars 2010
Je ne sais pas par où commencer... Décrire un tel voyage, une telle expérience, mettre des mots sur un film aussi sacré que celui-là s'apparenterait presque à de la vulgarité. Mais je m'y risque, tout de même. Honteux, un peu. Mais totalement bouleversé, aussi. Tout commence par cette peinture animée, ce paysage instable, ce décor russe bercé par un guerrier : Mozart. Le plan est délectable, la musique et la voix de Sokourov prennent au tripes. Beethoven apparaît : jamais sa 7eme Symphonie n'a eu autant d'impact qu'avec ce prologue indescriptible. Cette ouverture est un miracle de l'Art avec un grand A. Vient la partie centrale, celle d'une terre qui expose et d'un ciel qui explose : la caméra se documente, tourne sans grâce, suit les soldats avec une rigueur désarmante. L'ennui s'installe car la guerre est pleine d'abjection, de pierres, de sang, d'un peu de peur et dépourvue d'esthétisme. La guerre est moche, sans spectacle authentique. Mais les visages des troufions sont des romans d'aventures. On passe du sublime à l'horreur, sans vraiment pouvoir en parler. On ne peut s'empêcher de visser l'écran du regard, tant les Voix Spirituelles mélangent l'attachement aux racines à la solitude, la poussière à l'amitié avec autant de génie. Vient finalement le réveillon du nouvel An : les larmes viennent aussi, comme avant le départ. On a vu ces soldats vivre dans l'attente, dans les tranchées, fumant des cigarettes et maintenant ils font la fête. Non loin d'eux le combat continue, le chien ferme lentement les yeux, rassurant. Mais Sokourov s'éloigne en prenant son temps, pour la Russie, loin du Tadjikistan... Un tel degré d'humilité et de chaleur est une chose unique dans le paysage du cinéma contemporain. J'aimerais ne pas avoir vu cette oeuvre miraculeuse pour la découvrir à nouveau. Si aimer Sokourov relève du snobisme, alors je suis le roi des cuistres. A présent je sais que l'Eternité porte un nom : ce sont les Voix Spirituelles...