1981: l'élection de Mitterrand est une joie intense pour cinq copains, jeunes, de gauche et pleins d'espoir quant au bouleversement politique et social qui s'annonce.
1986: la désillusion a fait son oeuvre et les copains de Jacques Fansten évoquent non pas le changement qui n'a pas eu lieu mais le changement qui s'opère dans l'esprit de ces cinq militants confrontés à un socialisme altéré qui les fait douter de leurs idéaux
Le film de Fansten n'est pas un film engagé ou militant. Il se borne à décrire le phénomène politique qu'est l'arrivée de la gauche au pouvoir et le cheminement de ceux qui croyaient le plus en elle. Le film puise sa singularité dans son approche "à chaud", sans recul, de l'Histoire politique française. Pour autant, si Maurice, Romain, Pierrot, Michel et Bertrand n'incarnent pas le peuple de gauche, en revanche, leur profession sous-entend les grands mythes socialistes (culture,enseignement, médias...) mis à mal par les réalités du pouvoir.
Et puis, il y a surtout cette ravissante Marie (Sandrine Dumas), avec son bébé du 10 mai, personnage-métaphore incarnant l'idéal de gauche, avec laquelle les cinq copains envisagent successivement de vivre ,mais vainement, parce que, toujours, Marie se dérobe...L'idée souligne astucieusement le propos.
Comédie pleine de vitalité, où les amis de Fansten rappellent, à leur façon les Copains de Jules Romains, "Etats d'âme" souffre toutefois d'un certain schématisme et d'une tendance à la caricature. Sans compter qu'en suivant autant de personnages, ensemble ou séparément, le réalisateur prend le risque de ne faire que les survoler. Quoiqu'il en soit, l'interprétation est très sympathique.