"Dragons" avait été l’une des plus belles surprises de ces 10 dernières années en matière de dessin animé. Superbe visuellement, dense et mature dans son récit et exploitant magnifiquement la carte de l’originalité en s’intéressant aux vikings, à une époque où ils n’avaient plus vraiment la côte sur grand écran, il avait su marquer durablement les esprits. Sa suite était, forcément, attendu… et son dithyrambique accueil cannois laissait présager un chef d’œuvre ! Pour autant, j’ai été moins emballé par ce "Dragons 2" que par son prédécesseur ! Car, après une intro dynamique qui nous remet tout de suite dans le bain, le scénario lance un certain nombre d’intrigues archi-classiques dont on espère qu’elles bénéficieront d’un traitement qui prendra le spectateur à rebrousse-poil… à tort ! Le film a, en effet, tendance à cumuler les espoirs déçus d’un point de vue narratif, la soif d’originalité provoqué par le premier opus n’étant jamais étanchée. Deux arcs scénaristiques m’ont, à ce titre, particulièrement gêné. Le premier concerne les réticences d’Harold à prendre, un jour, la tête du clan. En insistant sur son peu de goût pour le rôle de chef et en faisant tenir à son père un discours sur le sens des responsabilités et
le fait qu’il devra prendre sa place "quand il ne sera plus là"
, les scénaristes "spoilent" les spectateurs un peu habitués qui auront bien compris que
ce brave Stoick ne finira pas le film
… ce qui a tendance à
amoindrir l’impact émotionnel de sa mort
. L’autre axe concerne le rôle de la mère. Là encore, l’évocation de son absence en début de film laisse assez peu de suspense sur son apparition à venir et laisse planer assez peu de mystère sur
l’identité du personnage masqué à dos de dragon
. Ce personnage ne m’a, du reste, pas vraiment emballé, avec son côté perché sans être forcément drôle ou sympathique et, plus généralement, son écriture semblant faire assez peu de cas du fait
qu’elle ait abandonné son clan, son mari et son bébé… soit un passé un peu lourd qui est balayé d’un revers de la main dès les retrouvailles de la famille
! Ces deux exemples sont symptomatiques du manque d’écriture du film, défaut qui se retrouvent, également, au niveau des personnages, qui se limitent trop à un seul trait de caractère. L’évolution très relative de la relation entre Harold et son dragon Krokmou résume assez bien ce souci. Quelques exceptions néanmoins avec l’amusante Kognedur, et son coup de foudre pour le petit nouveau Erett qui s’avère être le seul personnage un peu ambigu. On ne peut pas en dire autant du grand méchant Drago Poing-Sanglant dont la présentation m’a un peu surpris puisque son apparence est cachée, dans un premier temps… sans, pour autant que ce mystère inital soit exploité puisque sa première apparition est très anecdotique. Par contre, il peut se vanter d’être assez impressionnant dans son radicalisme et par ses cris guerriers pour contrôler les dragons. Les dragons, justement, sont, sans surprise, l’attraction principale du film puisqu’on a, à nouveau, droit à une galerie très riche en couleurs ainsi qu’à deux monstres géants (les Alphas) assez saisissants par leur gigantisme. De manière générale, "Dragons 2" est visuellement superbe et sait parfaitement mettre en avant les séquences aériennes ainsi que des combats, qui sont plutôt bien chorégraphiés. Ce n’est, donc, pas la forme qui pêche ici mais clairement le fond, avec, à mon sens, un problème de storytelling. Les retrouvailles entre Harold et sa mère sont trop vite expédiées, sa rage contre Krokmou suite à la mort de son père passe très vite au point qu’on se demande presque son intérêt, l’invasion de Beurk est vaincu trop rapidement… à croire que "Dragons 2" est pris par le temps. Je suis sans doute bien trop dur avec cette suite, que j’ai tout de même apprécié et qui se regarde tranquillement… mais c’est vrai que j’attendais beaucoup plus, surtout sur le plan scénaristique