Après l’inégal "Choc des Titans", on n’attendait pas forcément avec une grande impatience la suite des aventures de Persée… si ce n’est avec l’infime espoir qu’un éventuel second épisode gomme les défauts si visibles du premier film et fasse enfin honneur à la mythologie grecque. Et, une fois n’est pas coutume, "La Colère des Titans" est un exemple rare de suite tout aussi inégale que son prédécesseur… mais pour des raisons complètement différentes. Certes, "La Colère des Titans" a su abandonner les armures brillantes façon "Chevaliers du Zodiaque" des Dieux, s’est débarrassé de certains points noirs (le personnage de Io opportunément décédée, l’apathique Alexa Davalos remplacée par la combative Rosamund Pike dans le rôle d’Andromède, l’apparition tant attendue des Titans du titre…) et ne semble pas s’être fait charcuté en post-production par des producteurs avides d’action. De même, le changement de réalisateur (le yes-man Jonathan Liebesman remplace le français Louis Leterrier) est pratiquement imperceptible, les producteurs ayant conservé une certaine cohérence formelle. Mais, le gros problème de ce second opus est l’intrigue qui, après s’être aventurée sur certaines pistes intéressantes (la lutte de pouvoir entre Dieux et Titans, la trahison d’Arès, le deuil de Persée et son statut de héros…), se limite au strict minimum syndical, faisant ainsi l’économie de toute densité dramatique et ne puisant jamais dans la richesse offerte par la mythologie grecque. Le scénario manque ainsi du souffle épique qu’on espérait insuffler à cette suite, pour se compromettre dans les poncifs les plus éculés du genre (la relation père-fils pleine de responsabilité, le sens du devoir qui se rappelle au bon souvenir du héros en retraite, la jalousie entre frères…). De plus, comment les scénaristes ont-ils pu oser se passer de la grande majorité des Dieux de l’Olympe et, surtout, pourquoi se sont-ils contentés d’un seul Titan (impressionnant Chronos) alors que chacun des deux films en promettait plusieurs ! Il semblerait que le budget moins confortable alloué au film ait eu raison des ambitions des scénaristes… Autre regret, la BO qui s’avère bien moins rock’n’roll que prévue. "La Colère des Titans" reste cependant un divertissement plus qu’acceptable bénéficiant d’effets spéciaux impeccables (à l’exception des cyclopes), de scènes d’actions gentiment explosives (à défaut d’être particulièrement crédible et prenantes) et d’un casting de gentils cachetonneurs. Ainsi, autour d’un Sam Worthington chevelu qui épaissi un peu son jeu, on retrouve le trop rare Toby Kebell, l’omniprésent Bill Nighy ou encore l’étonnant Edgar Ramirez mais surtout, les deux ténors Liam Neeson (Zeus) et Ralph Fiennes (Hadès) qui ont vu leur rôle considérablement s’épaissir et leur relation évoluer de façon originale (un peu au dépens de la crédibilité d’ailleurs, puisque le soudain revirement d’Hadès est assez inexplicable). Dès lors, on ne s’étonnera pas que les scènes les plus sympas soient celle où les deux frères ennemis se réconcilient pour combattre ensemble dans un dernier baroud d’honneur. Ainsi, "La Colère des Titans" vient confirmer le statut d’honnête divertissement décérébré d’une saga qui se regarde aussi vite qu’elle s’oublie mais laisse surtout beaucoup de regrets. Car, avec les effets spéciaux dont Hollywood bénéficient aujourd’hui et un grand réalisateur aux manettes, on peut espérer un grand film moderne sur Persée.