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oldsport
14 abonnés
95 critiques
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3,5
Publiée le 30 avril 2013
Diantre !quel bordel!quel foutoir! mais quelle virtuosité au final! on ne comprend rien ou presque de l'histoire mais il faut admettre que pour filmer en plan séquence Guerman a le feu sacré un verre de vodka peut aider à suivre , la bouteille à rentrer directement dans le film il ne faut pas s'attendre à une narration linéaire on n'est pas chez claude zidi hein mais plutôt à un trip halluciné complètement foutraque ou l'on ressort lessivé,ivre & sonné devant tant de maitrise technique
Un film en deux parties. La première, d'apparence absurde, est tout simplement ma plus belle expérience de cinéma. La seconde est très déstabilisante : un violent pamphlet contre Staline et son régime.
Le réalisateur russe Alexeï Guerman est mort le mois dernier. Le Grand Action lui consacre une rétrospective. Hier, son producteur est venu présenter son chef d’œuvre, sélectionné au Festival de Cannes en 1998.
« Khroustaliov, machinu ! » auraient été les mots lancés à son chauffeur par Beria, le tout-puissant chef du KGB, en apprenant la mort de Staline. Un équivalent soviétique de « Liliane, fais les valises ! » ou « Les carottes sont cuites ».
Dans un noir et blanc nocturne et enneigé (l’action se passe au cœur de l’hiver 53), des personnages falstaffiens s’agitent, victimes dérisoires d’une Histoire dont on ne comprend pas les ressorts. Le film commence par l’arrestation du chauffagiste du magasin de fourrure, filme l’accident dont est victime un journaliste suédois trop curieux avant de pénétrer dans l’appartement du père du narrateur. Géant chauve, figure de cirque, ce chirurgien du cerveau est un despote qui régente avec bonhomie sa famille et son hôpital. Sans qu’on en comprenne les motifs, le KGB vient l’arrêter. Le viol qu’il subit dans le fourgon carcéral par une bande de droits communs devenus fous est l’une des scènes les plus mémorables qui soient. Aussi mystérieusement libéré qu’il avait été arrêté, on le conduit au chevet d’un homme mourant qu’il reconnaît sans y croire.
Ainsi raconté, le film semble presque compréhensible. Mais il n’en est rien. Son film n’a pas l’académisme des grandes reconstitutions historiques façon « Docteur Jivago » ni l’intimisme soigné du « Soleil trompeur » de Mikhalkov. Volontairement, Guerman nous perd dans un récit labyrinthique, excessif et violent qui rappelle tout à la fois le cinéma polonais surréaliste de Wojciech Has (« la Clepsydre », « le Manuscrit trouvé à Saragosse ») ou les fresques hallucinés de Vitali Kanevsky (« Bouge pas, meurs, ressuscite ») ou de Elem Klimov « Requiem pour un massacre »). Guerman nous hypnotise par des plans séquence d’une complexité inouïe, saturé de personnages, de sons et de dialogues dont les sous-titres perdent à rendre compte de la richesse. Comme à la lecture de l’Ulysse de Joyce, on se sent perdu et on a mille fois l’envie de décrocher. Mais on reste happé pendant près de 140 minutes jusqu’à sortir enfin de la nuit par un épilogue lumineux et presque joyeux.