La dernière comédie en date dans la filmographie de Jon Turteltaub, réalisateur polyvalent mais rarement convaincant, est inoffensive. Inoffensive parce qu’elle n’est pas réellement drôle, pas déplaisante non plus. Elle ne fait ni mal ni bien, alors que dans l’attente d’un essai façon Very Bad Trip pour troisième âge, le public est tout simplement confronté à une mouture nettement trop sage en regard aux ambitions. Mais si Last Vegas n’est pas un échec cuisant, commercialement parlant, cela tient tout simplement du fait d’un casting valeureux composé de quatre pointures d’antan, Robert De Niro, Michael Douglas, Morgan Freeman et Kevin Kline. Soyons honnêtes, sans la présence de ce quatuor vendeur sur l’affiche, le film de Truteltaub serait tombé aux oubliettes déjà bien avant la période de post-production.
Pour autant, malgré la réjouissance de retrouver ces quatre acteurs rompus à la gloire, rien n’est réellement convaincant dans les élucubrations de cette bande d’amis d’enfance, 60 ans plus tard, sur le Strip de Vegas. L’on prend très rapidement conscience des limites du film de Turteltaub, minimaliste, niais et peu inspiré si ce n’est des films à la mode du moment, la trilogie dite de la meute, en somme. Certainement très contents de pouvoir s’amuser entre amis, les quatre acteurs principaux, dont deux sortent réellement de la masse, le tandem De Niro/Douglas, en font des caisses, principalement Kevin Kline, acteur en deçà dans la l’appréciation populaire en regard à ses trois compères. Le plus étonnant, au final, c’est bel et bien la présence joueuse de Morgan Freeman, qui, contre toute attente, est celui qui semble prendre le plus de plaisir à rendre Last Vegas bon enfant, drôle.
D’un point de vue comique, comme mentionné, le film ne laisse apparaître que quelques séquences plus ou moins bien torchées. Il arrive certes que l’on puisse en rire mais force est de constater que l’aspect dramatique, romantique, que tente d’insuffler à son œuvre le réalisateur tombe littéralement à plat. Oui, coté amour, Last Vegas est singulièrement raté. Mais bref, là n’est qu’un aspect de la comédie actuelle, fleuron romantique par excellence Outre-Atlantique, alors que la romance, à l’état pure, est en perte singulière de vitesse depuis le cap passé du 21ème siècle. Peu importe, ici le public est convié à rire de quelque chose de systématique rédhibitoire, de très limité.
Si Last Vegas est une expérience inoffensive, à défaut d’être captivante, il n’en reste pas moins que les vedettes qui composent le casting démontre bel et bien un fait indéniable. Le cinéma, de nos jours, marque une tendance à laisser la place aux jeunes, l’abondance de franchises naissantes pour ados, et relègue les valeurs sûres, dont l’industrie est persuadée qu’elle lasse les gens, aux rôles de gentils trublions d’un cinéma sans ambitions destiné avant tout à quelques passage sur les chaînes câblées. C’est sans aucun doute le cas pour Last Vegas, qui même s’il fût distribuer en salles, est l’archétype même du film qui sera, dans un futur proche, relégué au rang de téléfilm. Ce qui est vraiment dommage, c’est que des grands interprètes tels que De Niro et ses trois compères s’y empêtrent avec le sourire. 07/20